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Viol: la Cour doit rejeter la version de Gilbert Rozon, plaide la Couronne

Des militantes ont accueilli Gilbert Rozon à son arrivée au palais de justice de Montréal.
Des militantes ont accueilli Gilbert Rozon à son arrivée au palais de justice de Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

La juge doit rejeter la version des faits de Gilbert Rozon, a réclamé la Couronne jeudi, lors des plaidoiries finales du procès pour viol et attentat à la pudeur. L’accusé «inverse littéralement les rôles», plaide-t-on.

Les faits reprochés au magnat déchu de l’humour remontent à 40 ans auparavant.

La victime alléguée, dont l’identité doit demeurer confidentielle, accuse Rozon de l’avoir violée dans une demeure de Saint-Sauveur après une soirée dans un bar.

Après avoir refusé les avances de l’homme, la femme aurait dormi seule. Elle allègue toutefois qu’il était sur elle à son réveil.

Selon l’accusé, ce serait plutôt la plaignante qui l’aurait réveillé en le «chevauchant».

Deux versions

L’avocat de la poursuite, Me Bruno Ménard, est revenu sur ces deux versions présentées à la Cour. L’une condamne l’accusé, l’autre l’acquitte, a-t-il précisé.

«[Gilbert Rozon] inverse littéralement les rôles, a-t-il affirmé en soulignant les similitudes des témoignages à l’exception de l’agression sexuelle. C’est un récit normal et, tout à coup, au moment où les versions divergent, tout le monde agit de façon absurde.»

Me Ménard a alors suggéré à la juge de rejeter la version de Gilbert Rozon. «Elle n’a pas de sens. À la fin, c’est quelque chose qui ne devrait pas être cru, qui ne devrait pas soulever de doute raisonnable», a-t-il fait valoir.

Sincérité de la plaignante

Lors de son plaidoyer au début du mois, la défense a remis en cause la fiabilité de la victime alléguée.

Les avocats de Rozon ont tenté de relever les invraisemblances, les contradictions et le manque de détails de son témoignage.

L’avocat de la poursuite, Bruno Ménard, a rappelé au juge que les faits allégués remontaient à 40 ans. «Quand on regarde la question de la fiabilité, il faut toujours garder ça à l’esprit», a-t-il plaidé.

Si la défense reproche à la plaignante ses trous de mémoire, Me Ménard a suggéré à la Cour qu’ils prouvaient plutôt sa sincérité.

«Le fait qu’elle explique clairement ce qu’elle se rappelle et ce qu’elle ne se rappelle pas, ça démontre sa sincérité. Alors que ça peut être tentant d’aller plus loin que ce qu’on se souvient», a-t-il souligné.

Lors de sa réplique, la défense a émis une mise en garde quant à la sincérité.

«Ce n’est pas parce qu’une personne est apparemment sincère qu’elle remporte la question de la crédibilité et de la fiabilité ultime. Un témoin honnête peut se tromper et ainsi tromper la justice», a déclaré Me Pierre Poupart, un des avocats de Rozon.

La juge Mélanie Hébert doit maintenant évaluer l’ensemble des preuves. Elle rendra sa décision le 15 décembre.

Accueilli par des manifestantes

Encore une fois, une quinzaine de manifestantes ont accueilli Gilbert Rozon à son arrivée au palais de justice de Montréal.

Elles veulent montrer leur solidarité avec les survivantes de Gilbert Rozon, surtout dans la foulée de la décision de la cour suprême de rejeter le recours collectif des Courageuses.

Pour l’événement, des militantes du collectif «Wake up calice» ont animé une classe de rue sur le consentement.

Durant la présentation, deux activistes se sont penchées sur l’histoire des mouvements de dénonciations, allant de 1971 avec le Front de libération des femmes à la plus récente vague de dénonciation en juillet dernier.

«C’est l’histoire qui se répète sans cesse, une vague n’en attend pas une autre. Pendant ce temps-là, c’est les victimes qui se noient et les agresseurs, soutenus par le système de justice, qui les calent… qui nous calent», dénonce une des membres du collectif, Zoyanne Côté.

En plus d’un programme d’éducation sexuelle, les militantes demandent une réforme immédiate du système judiciaire.

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