COVID-19: des complotistes veulent entrer de force dans les hôpitaux
Après les commerces, les hôpitaux. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis vendredi, un militant qui se présente comme Richard «Justice» Majeau incite les complotistes à se réunir en groupes de 10 personnes pour s’infiltrer, par la ruse ou la force, dans les hôpitaux du Québec.
Pour M. Majeau, la COVID-19 n’existe pas. Selon lui, cette maladie ferait partie d’un complot du gouvernement visant à contrôler les citoyens.
Dans sa vidéo, l’internaute dit croire qu’en réunissant plusieurs groupes de 10 personnes pour aller filmer les hôpitaux, il sera capable de démontrer que ces établissements sont vides. Suivant les conseils d’un de ses auditeurs, l’homme ajoute qu’en se déguisant en préposé, les complotistes auront de meilleures chances de réussir leur coup.
M. Majeau estime que les journalistes ne font pas bien leur travail et tentent de manipuler le peuple.
Parmi les personnes qui ont partagé la vidéo pour la dénoncer, on trouve notamment le professeur et militant Xavier Camus.
Mouvement pour des cellules complotistes
M. Majeau n’est pas seul à vouloir regrouper les citoyens dans de petits groupes pour organiser des coups partout au Québec.
Le 17 novembre dernier, une vidéo YouTube de deux autres militants antimasques circulait sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, les individus en question incitaient des groupes de 25 personnes et plus à se réunir dans des commerces de différentes municipalités pour magasiner sans masque.
Ils invitaient ces petits groupes autonomes à entrer dans des magasins ensemble et enlever leurs masques simultanément.
Une cellule ainsi créée s’est déjà affichée dans un commerce de Rosemère.
Une initiative irréaliste
Dans un court entretien avec Métro, le conseiller en communication du Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Christian Merciari, a réagi à l’initiative proposée par Richard «Justice» Majeau. Selon M. Merciari, les gens ont le droit de manifester à l’extérieur s’ils le veulent, mais il est interdit d’entrer à l’intérieur des hôpitaux. Partout dans la province, les politiques sont claires.
Pour être admis dans un hôpital, tout individu doit porter un masque. Par ailleurs, des agents de sécurité sont présents à chaque entrée.
En ces temps de pandémie, il est obligatoire d’avoir un rendez-vous pour entrer dans un établissement de santé. Les gens ayant besoin d’un accompagnement pour se déplacer sont toutefois autorisés à y accéder avec un proche.
Jusqu’à présent, M. Merciari dit que personne n’a tenté d’entrer dans un hôpital sans en avoir l’autorisation. Si des groupes tentent éventuellement de le faire, des agents de sécurité seront sur place pour leur barrer la route. De plus, la police pourrait aussi intervenir si nécessaire.
«Seules les personnes qui sont autorisées pour des questions de rendez-vous ou des raisons médicales ont le droit d’entrer dans les établissements de santé. Ils doivent aussi respecter les consignes de sécurité et d’usage.» -Chris Merciari, conseiller en communication du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
Contacté par Métro, le SPVM a réagi en affirmant que des policiers pourraient être appelés à intervenir «dans le cas où l’ordre public, la sécurité des citoyens ou la libre circulation aux abords des hôpitaux serait compromise». Les policiers pourraient de plus rédiger des rapports d’infraction généraux «dans le cas où une personne refuserait de respecter les mesures sanitaires».
De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux a lui aussi réagi en rappelant que si manifester est un droit au Québec, «les hôpitaux ne sont pas l’endroit pour exercer ce droit».
«Quiconque tenterait de s’introduire dans un centre hospitalier sans raison valable se verra refuser l’accès.Les données rendues publiques par le Gouvernement sur l’occupation dans les hôpitaux sont réelles. Les données rendues publiques sur le nombre de cas de COVID au Québec sont réelles. Le Québec poursuit ses efforts contre la COVID. Nous ne commenterons pas davantage des initiatives et des propos insensés.»
Au moment où ce texte est écrit, Richard «Justice» Majeau n’a pas répondu à nos courriels.