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Magasinage de Noël restreint, les commerçants résignés

Une file de personnes masquées qui attendent pour profiter des rabais du «Vendredi fou» du magasin de chaussures Centrall, en ce début de période de magasinage de Noël où les commerçants doivent composer avec la pandémie de coronavirus.
Une file d'attente pour profiter des rabais du «Vendredi fou». Photo:

Les commerçants de Montréal font preuve de sang froid et de résignation, à la suite des nouvelles limitations imposées au nombre de clients pouvant être sur place en cette période de magasinage de Noël. Quelques inquiétudes font toutefois surface.

Face à la flambée du nombre cas en zone rouge, le gouvernement a annoncé mercredi que la capacité d’accueil des commerces se limitera désormais à un client par 20m². Les boutiques dont la superficie en est inférieure ne pourront recevoir qu’une personne à la fois.

Au lendemain de l’annonce, de nombreux commerçants se sont munis de mètres et de cordes pour mesurer la superficie de leur espace accessible à la clientèle. «Je suis allée lire les instructions du gouvernement sur internet et j’ai calculé qu’on peut recevoir trois clients à la fois», dit Hiroko Fukuhara, copropriétaire de la pâtisserie Fous Desserts sur l’avenue Laurier.

Ces nouvelles restrictions sont un nouveau coup dur pour Mme Fukuhara. Cette commerçante a fait installer davantage de vitres en plexiglas et de chaînes la semaine dernière afin de recevoir plus de clients. «On avait tout prévu pour éviter que les gens attendent dans le froid, c’est raté! Mais on s’adapte et on incite tout le monde à commander en ligne. On va distribuer les livraisons à la porte afin d’éviter l’attente dehors», dit-elle.

Une nouvelle adaptation

À Verdun, le directeur général de la SDC Wellington, Billy Walsh, souligne que les commerçants ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation avec chaque nouvelle mesure sanitaire. Plusieurs ont même été proactifs concernant le nombre de clients.

«Actuellement si vous vous promenez sur la rue Wellington, vous allez déjà voir de façon assez fréquente les commerçants qui limitent le nombre de clients à l’intérieur de leur commerce. Les files d’attente sont très respectées et assez systématiques», dit-il.

Même son de cloche de la part de Gil Favreau, directeur général de Quartier D.

«Les marchands avaient déjà une belle rigueur au niveau des mesures sanitaires. On n’a pas de très grandes surfaces.»

Certains commerçants et représentants de SDC sont même heureux des nouvelles mesures, en dépit de la période de magasinage de Noël.

«Nous avons accueilli cette nouvelle directive favorablement. Si on compare à d’autres pays où les commerces sont complètement fermés, on peut se dire que c’est un bon compromis. Malgré tout, on va pouvoir conserver un semblant de vie et d’espoir sur l’artère pour le magasinage des Fêtes. Un confinement des commerces aurait été une catastrophe», affirme Kheir Djaghri, directeur de la SDC Promenade Masson.

«C’est une directive qui était déjà suggérée et on l’appliquait depuis deux mois. Ça limite la clientèle à quatre ou cinq personnes, mais on est habitués», souligne Jonathan Roireau, propriétaire de la librairie Parenthèse, à la Plaza St-Hubert.

Grogne sur les files d’attente

La gestion des files d’attente suscite toutefois de vives réactions. Le gouvernement demande aux commerçants de s’assurer que la distanciation sociale est respectée, même à l’extérieur du commerce.

Le propriétaire du Bric à Brac, Serge Hudon, partage le même avis. Il considère que les gens doivent être responsables de leurs comportements.

«Qu’est-ce qui est rendu dehors, c’est à la police d’aller voir et de donner des tickets, dit-il. Ce n’est pas à nous autres de surveiller l’extérieur», lance Serge Hudon, propriétaire du Bric à Brac, sur la rue Ontario.

«Tout le monde est squeezé. On a eu de la misère à payer nos taxes cette année. Puis là, il va falloir mettre du monde dehors parce qu’il va avoir des line-up ?! Un moment donné, c’est comme ridicule. Rendu-là, fermez-nous.» – Christian Viel, copropriétaire de la Librairie Z

Sauver les commerces

Les commerçants expliquent que ces mesures limitant le magasinage à Noël impliquent des coûts supplémentaires pour leur entreprise au moment où les revenus sont à la baisse. M. Hudon, qui a déjà un employé assigné à la porte, pense que le gouvernement devrait les dédommager, si on les oblige à engager du personnel pour surveiller les gens à l’extérieur.

Chose certaine, les intervenants rencontrés s’entendent: il faut tout faire pour aider les commerces, qui en arrachent en ces temps de pandémie.

«On comprend tout à fait la préoccupation du gouvernement par rapport à la situation de la crise. En même temps, on est dans une période cruciale pour le commerce pignon sur rues. […] Il faut trouver un équilibre entre l’importance de cette situation sanitaire, qui est inévitable, et sauvegarder le commerce artériel essentiel à nos milieux», affirme Billy Walsh.

Mike Parente, directeur de la SDC Plaza St-Hubert, pense que les aides gouvernementales devront être ajustées aux besoins des commerçants qui se trouvent toujours en grande difficulté pour la plupart.

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