Nouvelles mesures pédagogiques: «il vaut mieux tard que jamais», dit le milieu scolaire
Les nouvelles mesures pédagogiques annoncées vendredi par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, sont bien accueillies par le milieu scolaire soulagé d’avoir enfin l’heure juste, mais des questions restent en suspens au sujet de la qualité de l’air dans les classes.
«Vaut mieux tard que jamais», souligne d’emblée le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette.
En effet, avec ces nouvelles mesures pédagogiques, le ministre Roberge a répondu à plusieurs demandes du milieu de l’enseignement. «Si ces décisions avaient été prises plus tôt, les professeurs auraient pu organiser leur année scolaire en conséquence», ajoute cependant M. Mallette.
C’est aussi l’avis de la présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre. «On aurait aimé avoir du temps pour pouvoir réfléchir à tout ça».
Elle salue notamment le changement de pondération des deux bulletins scolaires. «Par contre, évidemment, on aurait aimé avoir les chiffres. Ce qu’on comprend, c’est qu’on attend de voir les bulletins pour changer la pondération, c’est un peu particulier», affirme-t-elle.
Selon Mme Beauvais-St-Pierre, le document du ministère regroupant les savoirs essentiels à enseigner arrive trop tard.
«C’est quelque chose qu’on demande depuis longtemps. C’est étrange de l’avoir à ce temps-ci de l’année, car on a déjà la moitié de l’année de faite. Il y a une certaine priorisation qui a déjà été faite par tout le monde qui n’est peut-être pas celle qu’on va nous donner là», craint-elle.
Inquiétudes pour la ventilation
Si les mesures pédagogiques sont satisfaisantes, plusieurs inquiétudes demeurent au sujet de la ventilation des locaux.
En effet, le ministre Roberge a laissé entendre que la qualité de l’air de tous les établissements scolaires sera testée. «Si jamais on constate que ce n’est pas possible de bien ventiler ces locaux-là, on va les utiliser pour d’autres choses. Ils ne seront tout simplement plus utilisés comme des locaux de classe», a-t-il précisé.
Or, Sylvain Mallette et Catherine Beauvais-St-Pierre savent que cela arrivera. «On va les placer où les élèves et les profs? demande M. Mallette. Il n’y aura pas plus de place dans les écoles.»
Même son de cloche du côté de Mme Beauvais-St-Pierre. «On est inquiets parce qu’on connaît nos écoles, dit-elle. On s’attend à ce que, dans certaines écoles secondaires, aucun local n’ait des taux acceptables. Qu’est-ce qu’on fait si on a une école secondaire entière où la ventilation n’est pas adéquate?»
Elle craint que, le cas échéant, les élèves soient renvoyés à la maison.
Par ailleurs, la porte-parole du regroupement Je protège mon école publique, Patricia Clermont, se questionne quant à la validité des tests qui ont déjà faits dans 330 écoles québécoises. «C’est quoi la proportion des écoles montréalaises? se questionne-t-elle. Pour moi la bonne nouvelle, c’est qu’ils vont tester toutes les écoles.»
Reste aussi à savoir quand est-ce que les locaux seront testés. «Ça commence lundi, mais quand est-ce que ça finit?» ajoute Mme Clermont.
De plus, elle aurait souhaité que le gouvernement permette aux centres de services scolaires d’acheter des sondes de CO² pour équiper les professeurs. «J’aurai aimé qu’on leur donne cet outil-là qui leur permet de bien calibrer, par exemple, l’ouverture des fenêtres», explique Mme Clermont.
Calendrier de vaccination du milieu scolaire
Lors du point de presse de vendredi, le conseiller médical stratégique à la direction générale de la santé publique, Dr Richard Massé, a précisé que le processus de vaccination des professeurs pourrait débuter ce printemps.
«C’est une excellente nouvelle, souligne Catherine Beauvais-St-Pierre. On est au front aussi même si évidemment on ne l’est pas de la même façon que le personnel de la santé.»
Toutefois, Sylvain Mallette demande au cabinet du ministre d’apporter une attention particulière au personnel qui travaille dans les classes et dans des écoles spécialisées.
En effet, ces professeurs sont en contact avec des élèves «lourdement handicapés qui ne peuvent pas porter de couvre-visage et qui ont besoin de soutien physique quasi constant», explique-t-il.