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Racisme: le ministre Benoit Charette défend sa nomination

Benoit Charette, nouveau ministre responsable de la lutte au racisme, lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle le 28 février 2021.
Benoit Charette, ministre de l'Environnement et ministre responsable de la Lutte au racisme. Photo: Capture d'écran - Radio-Canada

Alors que pour la première fois le Québec s’est doté d’un ministre pour la lutte contre le racisme, l’homme choisi pour occuper le poste ministre, Benoit Charette, justifie sa nomination lors d’un passage à l’émission Tout le monde en parle, dimanche. Il affirme notamment qu’il a vécu le racisme indirectement, que cette cause lui tient particulièrement à cœur et qu’il va apporter des résultats.

Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, qui est aussi ministre de l’Environnement s’est confié sur différents épisodes qu’il a pu vivre à travers sa conjointe, d’origine haïtienne, ou ses trois enfants. «Heureusement, ce ne sont pas des cas qui reviennent à tous les jours, mais à chaque fois ça fait mal. Le refus de location d’un appartement, il y a une vingtaine d’année, parce que ma conjointe est noire. L’interpellation injustifiée de ma fille aînée, une sorte de profilage basé sur la couleur, ou mon garçon qui a subi des blagues avec le mot «N» par exemple, sont des anecdotes malheureuses.»

Il ajoutera qu’il trouvait dommage que l’on confine une personne à un titre ou une fonction selon sa couleur de peau. Une référence à l’idée que ses collègues Nadine Girault ou Lionel Carmant aurait dû hériter du poste.

Rappelons que la nomination d’un ministre pour cet enjeu sur le racisme est une des 25 recommandations qui figurait dans le rapport du groupe d’action gouvernemental contre le racisme (GACR) déposé en décembre dernier. Les ministres Carmant et Girault, tous deux d’origine haïtienne, semblaient pressentis puisqu’ils avaient co-présidé le GACR. Un rapport auquel M. Charette n’a pas contribué.

D’après Benoît Charette, le choix du Premier ministre de l’avoir nommé semble se baser sur sa fiabilité. «Il a dû voir que j’étais un gars de résultat. Plusieurs dossiers au ministère de l’Environnement ont été livrés alors le premier ministre veut la même chose dans la lutte contre le racisme. Je veux autant de résultats que dans l’environnement», explique le ministre

Toujours pas de racisme systémique

M. Charette a dû défendre une nouvelle fois la position de son gouvernement, qui ne reconnaît pas l’aspect systémique du racisme. Selon le ministre, la définition du racisme systémique n’est pas suffisamment claire. «On pourrait parler de lutte contre le racisme à tout prix plutôt que de racisme systémique. Le terme systémique est trop polarisant alors que la lutte contre le racisme est fédératrice», dit-il.

Il ajoute que plusieurs de nos leaders qui croient au racisme systémique vont jusqu’à dire que la loi 101 ou la loi sur la laïcité sont du racisme systémique. «On ne peut pas cautionner une telle définition du racisme systémique, cet adjectif pose problème. J’ai l’appui du gouvernement pour mettre fin à ces pratiques qui sont ancrées chez certains individus et qui heurtent l’intimité des gens qui subissent ces gestes-là», promet-il.

Concernant l’existence de disparités économiques et sociales des personnes racisées dans la société québécoise, M. Charette explique que des mesures concrètes sont prévues dans le rapport du GACR. Toutefois, il confirme une sous-représentation des personnes racisées dans les institutions québécoises. «On a le conseil des ministres le plus diversifié mais il existe une sous-représentation dans la fonction publique qui doit être corrigée. On peut devenir un modèle très encourageant pour nos jeunes.»

Benoit Charette terminera son passage télévisé par un message entièrement en créole, où il explique que l’enjeu du racisme lui tient à cœur.

Une nomination qui avait été vivement critiquée

Les partis d’opposition n’avaient pas hésité à critiquer la nomination de Benoit Charette en tant que responsable de la lutte contre le racisme, mercredi, considérant ce choix comme surprise.

Le porte-parole de Québec solidaire en matière d’inclusion, Andrés Fontecilla, expliquait que cette nomination confirmait le peu d’intérêt qu’a la CAQ pour ces dossiers. Tandis que la chef du parti libéral, Dominique Anglade, évoquait un manque de considération pour ces deux enjeux.

Seul le parti québécois semblait en position d’ouverture et de collaboration. «Je lui tends la main», annonçait la porte-parole en matière de racisme, Méganne Perry Mélançon.

Greenpeace l’avait même qualifié de «demi-ministre». L’organisme de protection de l’environnement arguait que M. Charette aura moins de temps pour s’occuper de la lutte aux changements climatiques.

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