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Un sublime étau se resserre sur Suuns avec «The Witness»

Suuns
Joe Yarmush, Ben Shemie et Liam O’Neill de Suuns Photo: Will Lew/Collaboration spéciale

Dans quelques jours, Suuns fera paraître The Witness, son quatrième album studio. Cette oeuvre nous plonge corps et âme au coeur de l’univers avant-gardiste du groupe montréalais. Notre journaliste a rencontré l’un de ses membres, Joe Yarmush, pour en discuter.

Brut et intime: avec The Witness, Suuns nous emmène ailleurs. Alors qu’ils nous avaient apprivoisés à coups de musiques sensationnelles, les Montréalais — qui se retrouvent en trio à la suite du départ de Max Henry — offrent une version sans fard de ce qu’ils savent faire de mieux. Leur électro-rock expérimental assume ainsi une tendance définitivement plus jazzy, plus obscure aussi; tout en transparence cependant.

Une ambivalence qui se distingue d’ailleurs au fil des huit titres qui composent ce disque éclectique, si l’on pense au grand écart entre C-Thru et Go To My Head par exemple. «Même si le résultat s’éloigne de notre idée de départ, nous voulions aller vers un ensemble onirique et cohérent, confie le guitariste de Suuns, Joe Yarmush. The Witness est de fait un accomplissement. Nous avons laissé chaque morceau se construire et s’étendre doucement, de lui-même.»

La force Suuns

Joe Yarmush précise que l’une des volontés de Suuns était aussi de simplifier leur musique, ralentir, afin d’enregistrer live avec l’esprit d’un concert. «Nos précédentes chansons — et nous restons très attachés à elles — avaient souvent des arrangements bizarres et des sons délirants difficiles à reproduire sur scène», explique-t-il.

Quant à The Fix, elle est certainement l’une des pistes qui reflète au mieux l’essence de Suuns aujourd’hui, un peu comme la continuité de leur cheminement créatif. «La guitare est minimaliste et ça percute, raconte Joe Yarmush. J’affectionne particulièrement cette interprétation d’une ancienne pièce qui date de l’époque de Hold/Still [album de Suuns sorti en 2016, NDLR]. Elle est plus belle que ce que nous croyions qu’elle serait».

Avec un nom aussi intrigant, le thème de The Witness relève, selon le membre de Suuns, de cet aspect très collectif, presque robotique et robotisé de notre époque. «Avec les technologies, nous avons accès à tout ce qu’il se passe, instantanément, que nous le voulions ou pas. Sans avoir la prétention d’y remédier, notre album témoigne de cet étrange quotidien auquel nous assistons et qui aurait rendu folle l’humanité il y a cinquante ans.»

«Tout ce que nous faisons nous correspond.»

Joe Yarmush de Suuns à propos de The Witness

Leurs images du futur

«De toute évidence, se retrouver à trois façonne les choses différemment. C’est la fin d’une ère en quelque sorte», renchérit Joe Yarmush pour qui les observations du nouveau Suuns sans Max Henry viennent de changer de prisme.

Lorsqu’on évoque cette absence, qui n’en est pas complètement une, Joe Yarmush se veut toutefois rassurant. «Max est l’un des musiciens les plus talentueux que je connaisse. Il a participé à trois chansons pour The Witness», signale celui-ci. Les puristes pourront en effet reconnaître son influence sur Witness Protection notamment.

«Notre disque est un nouveau départ. Notre musique va continuer à vivre quoiqu’il arrive. Et nous allons toujours jouer 2020», plaisante-t-il enfin. «Rien n’est fermé pour le futur de Suuns».

À trois semaines du lancement de The Witness dans le cadre du festival POP Montréal (le 25 septembre au Théâtre Rialto), l’optique de cette nouvelle aventure pour Suuns leur permettra «de disséquer [leur] propre répertoire», et, assurément, de surprendre leur public avec leur magnétisme.

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