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Prisons: les cas de COVID-19 aggravent la pénurie de main-d’œuvre

Photo: Archives Métro

La situation s’aggrave dans les prisons du Québec. En plus du manque de personnel au sein des établissements carcéraux, entre 10 et 20% d’entre eux seraient actuellement atteints de la COVID-19. Les mesures préventives du ministère de la Sécurité publique, qui ne sont pas suffisamment «cohérentes», sont pointées du doigt.

Selon les plus récentes données de la Santé publique, la prison de Bordeaux comptait 50 cas positifs parmi ses employés en date du 5 janvier. Au total, 169 seraient rétablis. Le centre de détention de Rivière-des-Prairies comptabilisait quant à lui 21 cas actifs et 101 employés rétablis.

Du côté des personnes incarcérées, on recensait 22 cas actifs à Bordeaux et 6 à Rivière-des-Prairies, toujours en date du 5 janvier.

«Des résultats partiels, car certains établissements n’ont pas encore obtenu les résultats de tests depuis une semaine», précise le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ) Mathieu Lavoie, qui souligne que bien d’autres établissements sont aussi en proie à l’augmentation de cas positifs au sein de leur personnel et des incarcérés.

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est le nombre d’employés des établissements de détention au Québec atteints de la COVID-19 en date du 5 janvier 2022

Rappelons qu’en décembre, le centre de détention de Rivière-des-Prairies avait recensé 37 personnes positives lors d’une période de seulement 48 heures.

«Beaucoup d’incohérences»

Ces nombreux de cas de COVID-19 viennent aggraver les problèmes de manque de personnel dans les différents établissements du Québec.

En entrevue avec le journal Métro en novembre, le président du Syndicat faisait déjà état d’une situation critique dans les différents centres à travers la province.

Malgré les mesures de prévention mises en place par le ministère de la Sécurité publique dans les centres de détention, il existe «beaucoup d’incohérences» dans le milieu carcéral, selon M. Lavoie.

Les conditions de travail sont aussi dénoncées par le syndicat et des employés.

Le ministère de la Sécurité publique précise par ailleurs que « la passation d’un test de dépistage rapide de la COVID-19 s’est récemment ajoutée à la procédure d’admission des personnes incarcérées dans les tous établissements de détention».

Mathieu Lavoie se dit tout de même satisfait de voir ses employés dans la liste prioritaire des personnes admissibles à la 3e dose de vaccin.

Rappelons qu’Ottawa a récemment confirmé la livraison de 31,5 millions de tests au Québec d’ici la fin du mois de janvier. Déjà, 3 millions ont été livrés mercredi. Lors de cette annonce, il a été mentionné que les tests PCR seraient réservés en priorité aux hôpitaux, centres de détention, itinérants ainsi qu’aux centres de soins de longue durée.

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est le nombre de personnes incarcérées au Québec actuellement atteintes de la COVID-19, en date du 5 janvier 2022

Scénario «catastrophe» évité

«Nous avons évité le pire scénario durant la période des Fêtes», témoigne un agent correctionnel du centre de détention de Rivière-des-Prairies, qui désire conserver l’anonymat.

René (nom fictif) raconte qu’en raison du gros manque de personnel, le «service à la clientèle» a dû être revu à la baisse. «L’impact a été très grand, les détenus sont restés longtemps dans leur cellule», raconte-t-il.

«Au pic des Fêtes, on a pu recenser 50 employés testés positifs», affirme-t-il. Cela représente environ 20 à 25% du personnel.

La réduction des services aurait entraîné une hausse de la frustration chez les détenus et un stress supplémentaire chez les agents.

Si, en temps normal, les détenus se retrouvent ensemble lors des balades dans la cour, l’agent correctionnel affirme qu’il fallait cette fois-ci les sortir «en rotatif» afin d’éviter une émeute.

Une situation qui aurait pu très vite tourner au drame, selon l’employé.

«Les agents sont épuisés, soutient René. Il faut savoir que quand les détenus sont en isolation, les services offerts sont à répéter à chacune des portes.»

Les nouvelles directives ont tout de même eu un effet bénéfique. «Les agents sont tombés au combat, mais les cas ont diminué, car les contacts étaient minimes», témoigne l’agent.

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