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Logement: front commun pour une politique d’habitation au Québec

Près de 500 organismes demandent l'adoption d'une politique globale sur le droit au logement au Québec. Photo: Josie Desmarais/Métro

Près de 500 organisations de la province font front commun afin de réclamer une politique d’habitation au Québec.

Des organisations communautaires, syndicales, féministes, écologistes ou encore étudiantes unissent leur voix à celle du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et demandent au gouvernement du Québec d’adopter une politique globale d’habitation.

La reconnaissance du droit du logement, des investissements dans le logement social et une meilleure protection des locataires sont les principes centraux de cette revendication.

Selon ces organisations, une telle politique est plus que nécessaire pour répondre à la crise de logement actuelle, provoquant entre autres une flambée du coût du logement, l’aggravation de l’itinérance et de la discrimination lors de la location d’un logement. Une crise qui serait alimentée par la montée des rénovictions, des locations temporaires à des fins touristiques et de la spéculation immobilière.

«Malgré les recommandations de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, le droit au logement n’est pas inscrit explicitement dans la Charte québécoise des droits et libertés, déplore la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme. Au contraire, le logement est d’abord considéré comme un bien de consommation, voire une occasion de profits, ce qui est encore plus vrai, vu la place grandissante que les sociétés d’investissements, les fonds de retraite et les grands promoteurs immobiliers prennent sur le marché de l’habitation.»

Cette dernière souligne également l’incertitude planant sur l’avenir d’AccèsLogis, le seul programme dédié au logement social et communautaire, et constate une tendance à la privatisation de l’aide au logement.

Ménages à faible revenu

Porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière rappelle que les ménages à faible revenu consacrent une proportion plus grande de leur budget au logement que les autres ménages.

Les personnes du quintile inférieur vont dépenser en moyenne 32% de leur revenu à la question du logement et de l’habitation, tandis que pour le quintile le plus riche, on parle d’une dépense d’à peu près 17% de leur revenu. Alors, il y a une nette différence.

Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté

Véronique Laflamme ajoute qu’actuellement, au Québec, près de 200 000 ménages locataires paient plus de 50% de leur revenu pour se loger. Une dépense qui empiète bien souvent sur les autres besoins essentiels.

«Les gens vont se priver d’aller chez le dentiste, de se soigner, de prendre des médicaments dont ils auraient besoin par manque de revenu», mentionne Virginie Larivière.

Et cela, c’est sans compter les demandes d’aide alimentaire qui ont augmenté au cours des dernières années et les 40 000 ménages qui sont en attente d’un HLM.

Si elles saluent les récentes prestations offertes aux familles par le gouvernement du Québec pour faire face à l’inflation, les organisations demandent que les mesures d’aide soient pérennisées.

Les femmes plus touchées

Les femmes seraient davantage touchées que les hommes par la crise du logement.

«Sur la base des chiffres de 2017, on calcule que 56% des femmes ont des revenus annuels de moins de 30 000$», explique Virginie Larrivière.

Selon la porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Louise Lafortune, les séjours dans les maisons d’hébergement pour femmes violentées se sont allongés au cours des dernières années, «à cause de l’impossibilité de trouver du logement abordable et salubre».

Il y a une urgence d’agir, mais il faut cesser de juste agir dans l’urgence.

Louise Lafortune, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Pression migratoire

Selon des experts qui ont défilé devant le Comité des finances de la Chambre des communes en janvier dernier, l’augmentation de l’immigration depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir aurait contribué à la crise du logement.

Interrogée à ce sujet, Véronique Laflamme préfère ne pas commenter les chiffres.

«C’est quelque chose qu’on entend parfois, mais il faut faire attention pour ne pas se tromper de cible. Il y a toutes sortes de facteurs qui contribuent à la crise du logement.»

Elle admet que l’immigration internationale y est pour quelque chose, mais soutient que ce sont davantage les migrations interrégionales qui ont amplifié la problématique au cours des derniers mois.

Notamment les gens qui s’achètent des résidences secondaires en raison de la pandémie et ceux qui transforment les logements locatifs en hébergement touristique dans des régions dont l’attrait a été renforcé par l’impossibilité de voyager à l’international.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

N’empêche, les gouvernements ne devraient-ils pas arrimer leur politique migratoire à celle du logement afin de bien répondre à la demande?

«Une politique d’habitation permettrait de bien faire ça, répond Caroline Senneville. Il faut que les [nouveaux arrivants] soient accueillis dignement. On ne peut pas juste les faire venir ici, leur faire briller des miroirs aux alouettes et après ça, les laisser dans des logements insalubres.»

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