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Les défis de l’intégration des immigrants

Une salle de classe au Airsom Centre Prisme à LaSalle. Photo: Alexis Fiocco/Métro

Alors que le débat politique se concentre sur les seuils d’immigration au Québec, Métro est allé dans un centre d’accueil pour immigrants et réfugiés à LaSalle pour parler d’intégration et de francisation.

Airsom Centre Prisme œuvre dans l’accueil des immigrants et leur intégration, ainsi que dans la promotion de la diversité. L’essentiel du travail d’intégration passe par la langue française, pour lequel le centre accueille entre 1500 et 2000 élèves par an.

Aimer le français, un réel défi d’intégration

Selon le directeur du centre, Edmundo Pavon, « le grand défi de l’intégration, ce n’est pas qu’ils s’établissent [ici], c’est que [les immigrants] adhèrent à une identité laSalloise et montréalaise ».

Pour M. Pavon, « on ne se donne pas les moyens pour que les gens aiment cette langue, qu’ils trouvent de l’intérêt à l’apprendre et s’identifient vraiment [au français] ».

Le directeur soutient que le Québec a une « tendance à vouloir valoriser l’intégration via les milieux de travail », alors même que les immigrants trouvent un emploi rapidement grâce à la pénurie de main-d’œuvre. « Ce n’est pas vrai que l’intégration est valide ou efficace quand les gens ont trouvé un emploi », explique le directeur. Pour lui, « notre système ne fait rien pour la valorisation de la langue ».

Selon la coordonnatrice de services à la francisation, Marijana Mitic, cette dimension de l’intégration ne passe pas par l’interdiction de parler anglais, notamment à l’école, ou par l’obligation connexe de parler français. « Il faut trouver une autre manière d’intégrer les immigrants, qui ont déjà choisi le Québec en sachant que c’est francophone. Peut-être que le gouvernement devrait sonder ses immigrants [afin de savoir] pourquoi ils se sont installés ici».

6 mois pour apprendre le français, c’est possible?

Pendant la pandémie, le centre était plein.  « Il y a eu une réponse de gens qui sont là depuis longue date », explique la coordonnatrice.  S’ils n’étaient pas venus avant pour apprendre le français, « ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, c’est qu’ils n’ont pas le temps », déclare Mme Mitic.

Selon les défenseurs de la loi 96 à la CAQ, il faudrait six mois pour apprendre le français en arrivant au Québec. Pour nos interlocuteurs les élèves parlent quelques mots après 6 mois, et peuvent comprendre un peu à condition de parler lentement. Néanmoins, à raison de 9h de cours du soir après le travail, l’apprentissage du français peut prendre 2 à 3 ans.  Parler le français en 6 mois? «Peut-être si j’apprends le français à temps plein », répond Ikedichi, élève au centre Prisme.

«Les immigrants ne demandent qu’à s’intégrer. Il faut leur laisser le temps», estime Michel Seymour, Professeur titulaire au département de philosophie de l’Université de Montréal. «Le problème est en partie causé par le manque de subsides accordés à leur francisation. La solution est de leur offrir des cours de français sur les lieux de leur travail», conclut le philosophe du langage. D’après Mme Mitic, «il faudrait peut-être se mettre à la place des immigrants. Ce serait bien d’envoyer les politiciens dans un pays inconnu et leur demander d’apprendre la langue d’origine en 6 mois, et on parlera après», clame-t-elle.

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