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«Viking» ou l’art de faire semblant d’être ce qu’on n’est pas 

Photo: Gracieuseté/Les Films Opale

Qui n’a jamais voulu être quelqu’un d’autre, ne serait-ce que pour un instant? C’est cette idée qu’explore le réalisateur Stéphane Lafleur dans son dernier long métrage, Viking, une comédie dramatique à saveur de science-fiction mettant en scène cinq personnes ordinaires recrutées pour collaborer à la première mission habitée sur Mars. Celles-ci deviendront des astronautes le temps d’une simulation. 

Leur objectif est de former une deuxième équipe d’alter ego qui vivra l’aventure spatiale en parallèle, en huis clos sur Terre, dans l’espoir de régler à distance les conflits interpersonnels vécus par les véritables cinq astronautes en route vers la planète rouge avec qui ils et elles partagent des caractéristiques de leur personnalité. 

«J’aimais bien l’idée des gens qui font semblant de faire quelque chose», lance d’emblée, en entrevue avec Métro, Stéphane Lafleur, qui dit observer ce même phénomène au sein de la société.  

On suit donc David (Steve Laplante), un professeur d’éducation physique, alors que celui-ci se projette dans la peau d’un astronaute américain pour raviver son rêve d’enfance et, peut-être, «faire une différence», comme le personnage le dit au début du film lors d’un entretien avec la société Viking, responsable de la mission. 

Inspiré des sondes Voyager 

Le réalisateur québécois, qui n’avait pas sorti de film depuis Tu dors Nicole (2014), explique s’être inspiré du programme d’exploration robotique Voyager de la NASA, dont le but était d’étudier les planètes extérieures du système solaire. 

«Je suis tombé sur un documentaire qui parlait des sondes Voyager 1 et 2, qu’on a envoyées dans le système solaire dans les années 70 pour photographier toutes les planètes. Puis, les gens de la NASA expliquaient qu’ils avaient gardé une troisième sonde en laboratoire pour régler à distance des problèmes techniques et qu’ils avaient effectivement réussi à réparer des choses à distance. Donc, je me suis demandé ce qui arriverait si on appliquait ce concept-là aux humains», dit Stéphane Lafleur, qui a écrit le scénario avec Eric K. Boulianne. 

Mais la toute «première étincelle» du film lui est venue avant le visionnement du documentaire, il y a de ça environ 12 ans, alors qu’il visitait une exposition du photographe français Vincent Fournier à New York.  

«C’était des photos grand format d’astronautes dans le désert. Cette image-là m’a suivi longtemps. Je savais que j’allais vers ça, mais je ne savais pas sous quelle forme», poursuit le réalisateur de Continental, un film sans fusil et d’En terrains connus. 

Un film qui se prend pour un autre 

Comme ses cinq protagonistes, Viking est, lui aussi, déguisé en quelque chose qu’il n’est pas. «C’est un film qui se prend pour un film de science-fiction mais qui n’en est pas tout à fait un», déclare Stéphane Lafleur.  

Parce que même si le scénario, les costumes et les décors rappellent ce genre cinématographique, l’œuvre est avant tout une comédie dramatique moderne sur les décalages qui existent entre nos aspirations et la réalité.  

Et le concept est très plausible, bien que farfelu de prime abord.  

«Je ne pense pas que je me serais cru si j’avais fait un film sur toute cette équipe qui s’embarque pour une vraie mission sur Mars, mais que ce soit du monde qui fasse semblant, on se dit: OK, ça nous ressemble un peu», souligne celui qui est aussi la voix du groupe folk Avec pas d’casque. 

Absurde sans être une parodie 

Il était d’ailleurs important pour le réalisateur que son histoire reste légitime aux yeux du public, et ce, de la même manière que les membres de l’équipe B se prennent au sérieux dans leur rôle de simili-astronautes. «On ne voulait pas que le film ait l’air d’une satire ou d’une farce», indique M. Lafleur.  

Ce qui n’empêche pas non plus Viking d’être complètement absurde et drôle. «C’est sur ce décalage-là que j’avais envie de jouer», poursuit-il. 

Pour éviter de tomber dans la parodie, Stéphane Lafleur a notamment pu se reposer sur l’excellent jeu des acteurs, comme Steve Laplante, pour qui le rôle principal a été écrit sur mesure. Parmi les autres têtes d’affiche de ce film, on retrouve Larissa Corriveau, Fabiola N. Aladin, Hamza Haq et Denis Houle. 

Il y a également eu beaucoup de travail à faire sur le plan technique pour rendre vivant l’univers du film. «Juste les casques d’astronaute, c’était un dossier tellement complexe, dit le réalisateur. Il fallait en avoir cinq pareils, pas juste un. Tu ne peux pas trouver ça au marché aux puces, donc il fallait les faire faire. Ça reste des moyens modestes comparativement aux grosses productions américaines.» 

D’ailleurs, l’influence des États-Unis est aussi abordée dans Viking alors que les cinq Canadien.ne.s sont recruté.e.s pour répondre aux besoins d’une équipe américaine.  

«La culture américaine, évidemment, nous envahit dans ce qu’on regarde, dans ce qu’on écoute, dans comment on s’habille. Ça a une influence. Notre rapport avec les États-Unis est clairement présent dans le film», confirme Stéphane Lafleur.  

Le film Viking, qui a déjà reçu une mention spéciale du jury qui désigne le meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto, sortira en salle le 30 septembre. 

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