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Récession: le risque est-il à 50% comme l’avance François Legault?

François Legault, chef de la CAQ, devant des drapeaux du Québec.
François Legault Photo: Josie Desmarais/Métro

Le risque d’une récession se rapproche du 50%, a affirmé François Legault dimanche. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) en a profité pour appeler la population à voter pour son parti politique, lequel est, selon lui, le mieux placé pour affronter les dangers économiques. Métro a consulté trois économistes pour en avoir le cœur net.

Il est en réalité difficile de mesurer et de pondérer la probabilité d’un ralentissement économique, indique Nathalie Elgrably-Lévy, économiste à l’Institut économique de Montréal (IEDM). «Je ne sais pas quelle formule magique ils utilisent pour arriver à ces chiffres-là. Une fois sur deux, les prévisionnistes vont se tromper. Ce n’est pas parce qu’ils font mal leur travail, mais parce que l’économie joue avec des facteurs humains», dit-elle.

Surtout, agiter le spectre d’une récession ne ferait qu’empirer les choses. «À force de dire aux gens: “attention à la récession”, on crée de l’anticipation. [Le consommateur] va mettre l’argent de côté, réduire [ses] dépenses. On va se comporter de telle façon qu’on va amplifier les effets de la récession», redoute-t-elle. 

De plus en plus inévitable

D’après plusieurs analystes, la récession serait même inévitable. Ils ne sont donc pas surpris des propos du chef caquiste. «Ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre que la santé économique se dégrade un peu partout», note Guillaume Hébert, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Si [Legault] veut donner l’impression qu’il peut échapper à la récession, c’est une fumisterie. C’est pas [au Québec] que ça va jouer maintenant.

Guillaume Hébert, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS)

M. Hébert estime que le risque d’une récession s’accélère. Il note la hausse répétée des taux directeurs au Canada et aux États-Unis À cela s’ajoutent la guerre en Ukraine, la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation, etc. «C’est comme si tous les astres sont alignés pour [en] créer une», ajoute pour sa part Mme Elgrably-Lévy.

Comme le mentionne l’économiste de l’IEDM, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. La multiplication de ceux-ci conduit à une perte de pouvoir d’achat pour une grande partie de la population. Avec des prix plus élevés, tant pour les produits et services que les hypothèques, les ménages sont amenés à moins consommer. Cette baisse de la demande entraîne de facto un ralentissement économique.

«On voit des signes de ralentissement dans le secteur immobilier. Dans certains endroits, les prix baissent et les taux d’intérêt augmentent. Si on regarde l’historique, quand il y a resserrement monétaire, depuis 1950, presque systématiquement après, il y a récession», pointe Pascal Bédard, maître d’enseignement au Département d’économie appliquée de HEC Montréal.

Il précise que le risque est même de 100% à l’échelle de la prochaine décennie. Le ralentissement économique est ainsi inévitable.

Mme Elgrably-Lévy ajoute que le fort endettement des ménages canadiens vient s’ajouter à ce «bouillon propice à la récession». Bien que le risque semble de plus en plus inévitable, il est en revanche impossible de le chiffrer, et de dire avec exactitude quand ce ralentissement aura lieu, estiment les trois économistes interrogés par Métro.

La CAQ n’est pas un remède

À quelques reprises lors de cette campagne, François Legault a présenté la CAQ comme un bouclier ou un remède contre une éventuelle récession.

Il y a un risque au niveau mondial et un risque qui a augmenté dans les derniers jours, et c’est une raison additionnelle pour voter pour la CAQ. Parce qu’on a besoin plus que jamais d’un Eric Girard, d’une Sonia LeBel, d’un Pierre Fitzgibbon pour passer au travers.

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) et premier ministre sortant du Québec

Mais «le gouvernent provincial n’a aucun moyen pour juguler une récession», tempère Pascal Bédard. «Si on parle de récession, effectivement, son pouvoir est assez limité. C’est comme si [M. Legault] demandait une profession de foi selon laquelle un gouvernement de la CAQ ferait des décisions plus responsables si la récession pointait le bout du nez», renchérit Guillaume Hébert.

Le gouvernement disposerait cependant de quelques leviers pour limiter son impact sur la population. «Faire des chèques, c’est pas la solution», tranche Mme Elgrably-Lévy. Selon elle, alléger la fiscalité peut en revanche soulager les citoyens. Mais d’autres analystes craignent que des dépenses additionnelles de l’État en récession, dans l’assurance-chômage, ou même avec des programmes de relance, soient suivies d’une politique d’austérité.

Contacté par Métro, un attaché de presse de la CAQ indique que son «cadre financier équilibré et responsable prévoit des investissements importants dans des secteurs créateurs de richesse. Notre équipe économique est la plus expérimentée et a contribué à réduire notre écart de richesse avec l’Ontario au cours des dernières années», rappelle-t-il.

Mais ces promesses de François Legault et de son parti risquent de ne pas être suffisantes pour empêcher une récession, vu son caractère mondial.

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