Les futurs enseignants dans la rue pour des conditions de stage «acceptables»
Stages non rémunérés, harcèlement, charge de travail inéquitable et non-respect des normes du travail, voilà certaines des revendications que scandaient une cinquantaine d’étudiant.es en éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en dévalant le boulevard René-Lévesque. Depuis une semaine, près de 5300 étudiant.es ont entrepris une grève illimitée pour des conditions de stage «acceptables».
Pour ces étudiants, il s’agit d’un cri du cœur au gouvernement et d’un appel à l’aide à leur faculté. Ils souhaitent notamment que cette dernière appuie leurs démarches vers une rémunération des stages.
«On parle d’une pénurie d’enseignants, pourtant on continue d’avoir des conditions qui vont désengager les gens de l’enseignement: il y a une incohérence», explique l’étudiante en première année au baccalauréat en enseignement secondaire Danaë Simard. Elle-même n’a pas encore eu à effectuer de stage, mais s’inquiète pour son sort dans les années à venir.
À son avis, le mouvement de grève des étudiant.es ne cessera pas tant que leur faculté n’acceptera pas d’entendre leurs revendications et qu’elle n’agira pas en ce sens.
Une lettre ouverte signée par plus de 1100 étudiant.es a été envoyée à la Faculté d’enseignement de l’UQAM le 27 septembre dernier pour lui faire part des revendications. Cette dernière s’entretiendrait présentement avec un groupe d’étudiant.es qui représentent leurs camarades des différents programmes en éducation.
Vers une rémunération des stages
Une des principales revendications concerne la rémunération des stages. Les bourses mises en place par le gouvernement ne permettraient pas aux étudiants de subvenir à leurs besoins.
Eve Paquin est en troisième année au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire. Elle se considère comme une «étudiante extrêmement précaire».
Les conditions de stage la plongent dans une situation de précarité financière, elle qui étudie à temps plein et passe cinq jours par semaine sur son lieu de stage. En plus de cela, elle doit effectuer des travaux et de la planification, tout ça additionné à la nécessité de se déplacer jusqu’à son école.
«Si je veux arriver à mes moyens, je dois travailler la fin de semaine, ce qui est littéralement anxiogène et extrêmement fatigant, dit-elle. Souvent, pendant mon stage, j’arrête de travailler et c’est là que je me trouve dans une situation extrêmement précaire. Je fais avec les petites économies que j’ai, sinon je m’endette sur ma marge de crédit.»
Face à cette insécurité financière, Eve explique devoir travailler d’arrache-pied l’été en vue de subvenir à ses besoins pendant les stages ayant lieu aux sessions d’automne et d’hiver. Elle indique qu’en plus du poids financier que génère cette situation, elle a un prêt de 16 000 $ à rembourser.
Mieux encadrer les étudiants parents
Une prise de conscience quant aux besoins particuliers des étudiants parents est aussi demandée. Pour ces derniers, jumeler de longues heures de stage à leur rôle de parent peut vite devenir un calvaire.
Cindy* est étudiante en deuxième année et mère d’un enfant en bas âge. Elle dénonce une politique au «cas par cas» et souhaiterait qu’une politique claire et généralisée soit mise en place pour défendre les accommodements dont les parents étudiants pourraient bénéficier.
Chaque fois qu’elle est en stage, elle doit se référer au Bureau de formation professionnelle afin de trouver des accommodements avec son emploi du temps de maman. On la renvoie constamment à l’enseignant avec lequel elle est jumelée dans le cadre de son stage, lequel décide de l’accommoder ou non.
«C’est stressant, parce qu’à chaque stage, je sais que je vais avoir besoin d’accommodements», explique-t-elle.