Profilage racial: la CAQ invitée à ne pas faire appel du jugement
Québec solidaire demande à François Legault de ne pas faire appel de la décision de la Cour supérieure rendant impossible l’interception de véhicules sans motif valable. Rappelons que le juge Yergeau avait rendu ce jugement de 170 pages le 25 octobre dernier après un recours déposé par un jeune de 22 ans ayant fait l’objet d’interpellations sans motif répétées.
«Dans les derniers mois, François Legault a tenu des amalgames irresponsables en mêlant immigration et violence. Aujourd’hui, il a l’opportunité de montrer qu’il est disposé à agir de la façon la plus concrète contre le profilage racial», a affirmé le député solidaire Andrés Fontecilla, lors d’une conférence de presse ce mercredi.
Selon la Cour supérieure, les interceptions routières sans motifs réels ont entraîné du «profilage racial, de la discrimination et du harcèlement». Des phénomènes qui touchent particulièrement les communautés radicalisées «depuis des décennies». Ces interceptions sont désormais «inconstitutionnelles et sans vertu». En réaction à ce jugement, le premier ministre du Québec avait déclaré qu’il «faut laisser les policiers faire leur travail».
Ces propos font croire au parti d’opposition que M. Legault voudrait faire appel de la décision et la faire invalider. Cela serait contraire aux recommandations de son propre gouvernement. Le rapport du Groupe d’action contre le racisme publié en 2020 conseillait de «rendre obligatoire la pratique policière actuelle interdisant les interpellations policières aléatoires».
Le racisme systémique, un «fait social»
Les Noirs, Autochtones et Arabes ont quatre à cinq fois plus de chances d’être interpelés qu’une personne blanche, selon une étude sur le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) publiée en 2020. Un des coauteurs, le sociologue Victor Armony, indique que «pour être efficace dans la lutte contre la criminalité, [la police doit] pouvoir compter sur la confiance de la population qu’elle dessert».
«La disparité raciale au niveau de la conduite de véhicules n’existe pas. La fin du contrôle routier sans motif réel est un pas dans la bonne direction […] pour renforcer les liens entre la police et les minorités raciales», ajoute-t-il. L’expert affirme en outre que le racisme systémique n’est pas un débat, mais un «fait social».
Un «fait social» qui a pour effet de créer du «stress», de «l’anxiété», de la «frustration» et une «perte d’estime de soi» chez un grand nombre de personnes issues de la diversité, a témoigné Lesly Bot, témoin dans le procès du juge Yergeau.
Les intervenants présents ainsi que Québec solidaire demandent ainsi de ne pas invalider la décision. «Nous aimerions [plutôt] voir le gouvernement investir plus de ressources pour prévenir le profilage racial», a conclu Fo Niemi, cofondateur du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).