Un premier hôtel à insectes à Montréal-Nord
Les bestioles de Montréal-Nord ont désormais un nouveau logis: le premier «hôtel à insectes» de l’arrondissement a été inauguré le 20 avril au parc Lacordaire. La structure, qui sert d’abri et de site de pontes pour les insectes pollinisateurs, est une initiative d’une classe de 6e année de l’école Adélard-Desrosiers.
L’an dernier, la vingtaine d’élèves de la classe de Sarah-Émilie Addy ont tous écrit personnellement à la mairesse de l’arrondissement de Montréal-Nord, Christine Black, avec des suggestions de mesures à mettre en place pour protéger la biodiversité du quartier. La mairesse leur a répondu individuellement, s’engageant à les aider dans leurs initiatives, notamment avec la construction et l’installation de l’hôtel à insectes.
Jeudi dernier, après la présentation de la structure et une allocution des représentants de l’école et de l’Arrondissement, les élèves ont accouru pour apposer les bûches trouées, branches, foin, briques et tuyaux qui abriteront les insectes.
Une des élèves, Mélissa, ne s’attendait pas à ce que 20 lettres puissent «faire tout un changement». «Quand [les insectes] sont fatigués, ou qu’il pleut, ils peuvent rentrer dans les trous, se cacher, faire leur nid et manger, explique-t-elle. C’est tout un écosystème!»
Ça montre que nous, les élèves, même si on est jeunes, on a tout de même une voix. Notre rêve s’est réalisé!
Edson, élève de 6e année de l’école Adélard-Desrosiers
Mélissa, qui dit notamment vouloir sauver les abeilles pour son amour des fruits, rappelle qu’une grande part de notre alimentation dépend du travail de pollinisation des insectes. La pollinisation entraîne la floraison et, à terme, la fructification.
«Sans les abeilles, on n’aurait pas la même façon de vivre», résume Edson, un de ses collègues de classe.
40% : Pourcentage des insectes pollinisateurs, comme les abeilles et les papillons, qui sont menacés d’extinction
Source : Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)
Écouter les jeunes
La cérémonie d’inauguration a rapidement pris des allures de fête alors que des élèves se sont emparés de branches et de tuyaux pour faire des rythmes et chanter sur leur fierté et leur gratitude envers l’Arrondissement. «L’Arrondissement est fier de nous […], on a marqué l’histoire», a rappé l’un des élèves, sous les chœurs de ses collègues qui scandaient «Nous».
Mon but, c’était de montrer à mes élèves qu’ils ont le pouvoir de changer les choses.
Sarah-Émilie Addy, professeure de 6e année à l’école Adélard-Desrosiers
Le directeur adjoint de l’école Adélard-Desrosiers, Nicolas Lepore, a souligné que le projet favorisait l’appartenance des élèves à leur quartier et leur école. «Ils ont des idées qui ne demandent qu’à être exploitées», a-t-il ajouté.
En outre, à la suggestion des élèves, l’administration de Montréal-Nord distribuera aux citoyens et regroupements des végétaux pollinisateurs et participera au défi «Mai sans tondeuse», afin de laisser pousser les pissenlits.
«On est en train d’exploiter cet environnement-là, mais c’est leur héritage», confie à Métro le maire par intérim de l’arrondissement de Montréal-Nord, Abdelhaq Sari, tout en reconnaissant qu’il en reste beaucoup à faire pour le préserver. Il était impensable pour l’Arrondissement que l’appel des élèves d’Adélard-Desrosiers reste lettre morte, explique-t-il, pour que ces derniers sachent qu’ils sont écoutés.
«Pour le futur, je pense qu’on est bien entourés [dans la lutte aux changements climatiques], se réjouit-il. Les jeunes en veulent plus, et c’est tant mieux.»