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«Wollstonecraft» ou la renaissance de Frankenstein 

Wollstonecraft: une ambitieuse et fort originale relecture, pleine de liberté, de la classique histoire de Frankenstein. Photo: Yanick Macdonald

Pour terminer sa saison et, du même coup, conclure le mandat de son directeur artistique actuel, Olivier Kemeid, le Théâtre de Quat’Sous s’offre une ambitieuse et fort originale relecture, pleine de liberté, de la classique histoire de Frankenstein. 

Wollstonecraft, titre de la pièce, fait écho au nom de la mère de Mary Shelley, autrice de Frankenstein ou le Prométhée moderne, qui était elle-même autrice, considérée comme l’une des précurseuses du féminisme. 

À partir de cette référence chargée, l’autrice Sarah Berthiaume raconte l’histoire d’une femme fin trentaine qui additionne les fausses couches, conservant dans son congélateur tous ses fœtus. Une nuit, en plein désespoir, elle va mettre ses fœtus congelés dans l’imprimante 3D révolutionnaire de son amie productrice et vendeuse de produits Tupperware. En résultera la naissance d’une créature… 

Pour vous mettre un peu dans le bain, imaginez-vous le style du cinéaste Pedro Almodóvar (une exploration de la thématique de la maternité avec des personnages tordus et flamboyants dans un décor et des costumes colorés et tape-à-l’œil) au service d’une dystopie dans laquelle les technologies sont en train de remplacer les humains, le tout baignant dans le réalisme magique. Autant sur le plan du texte que de la mise en scène d’Édith Patenaude, l’ensemble est assez époustouflant.  

Tout au long du spectacle, Sarah Berthiaume propose de riches réflexions sur la vie, la maternité, l’art (sa création comme sa réception) et notre époque. Car Wollstonecraft, même si l’intrigue se déroule dans un futur rapproché, est on ne peut plus d’actualité.  

À travers le personnage de la vendeuse de Tupperware, qui livre des monologues d’un génie comique, la pièce critique la poursuite incessante de la perpétuelle croissance capitaliste dans un contexte de dangereuse crise climatique. Et avec cet autre personnage, un poète qui confie l’écriture de ses textes à une intelligence artificielle, l’autrice semble avoir prédit l’ascension récente de l’application ChatGPT.  

Le tout compose une pièce à la fois drôle et angoissante, divertissante et de nature à alimenter maintes discussions.  

Jusqu’au 13 mai au Théâtre de Quat’Sous.

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