Du drame social à l’horreur
Dans le cadre de Fantasia, le réalisateur Onur Karaman présente ce samedi en première mondiale Emptiness, son premier film d’horreur. Et probablement pas son dernier.
«L’horreur, ça m’intéresse. Je suis en train d’écrire d’autres scénarios en ce moment», confie d’entrée de jeu le réalisateur en entrevue avec Métro.
Avec Emptiness, qui prendra l’affiche le 27 octobre, il nous invite à suivre Suzanne (Stéphanie Breton), qui est mystérieusement à la recherche de son mari dans une maison de campagne où deux femmes (Julie Trépanier et Anana Rydvald) veillent sur elle, cherchant à la garder à l’intérieur et évitant les questions concernant son conjoint.
Onur Karaman, qui scénarise et produit également le film, pose à sa manière cette question récurrente dans le cinéma d’horreur: est-ce l’esprit qui joue des tours ou y a-t-il vraiment une activité paranormale? Et quelle option est réellement la plus effrayante?
Changer de style en conservant les bases
On peut dire qu’Emptiness marque un tournant dans la pratique du réalisateur. D’abord parce que le Québécois d’origine turque avait jusqu’à maintenant donné dans le drame social avec Respire, Le coupable, Là où Atilla passe… et La ferme des humains. Mais aussi parce qu’il signe ici un premier film en anglais.
«Emptiness, je voulais le faire depuis 2015 et je l’avais écrit en français. Ça n’avait pas fonctionné avec les institutions [financières], qui s’étaient demandé pourquoi je voulais faire de l’horreur alors que je faisais bien le drame social.»
Pourtant, son nouveau long métrage puise à nouveau dans le drame, comme on le découvre durant les dernières minutes. «Je répétais à toutes les comédiennes qu’on faisait un drame, pas un film d’horreur, se rappelle Onur Karaman. Je voulais garder le style que j’avais établi: un jeu posé, très réaliste.»
On parle quand même de la condition humaine, de drame humain, mais avec une autre méthode.
Onur Karaman, réalisateur d’Emptiness
Si le récit est dramatique, l’ambiance, elle, est certainement horrifique. Le noir et blanc très contrasté, qui laisse place à quelques reprises à des teintes orangées dont tout le sens est révélé à la fin, est combiné à une atmosphère sonore sinistre, créant un film glauque, à l’image de la solitude dans laquelle est acculée Suzanne.
«Si on fait attention à la direction artistique, on voit qu’on a essayé de faire un film intemporel, soulève Onur Karaman. C’est une histoire qui peut se passer dans les années 70 comme en 2020. Le noir et blanc était une bonne manière de garder cet aspect intemporel.»
Prendre une nouvelle direction
«Emptiness, c’est un film qui m’a permis de m’éclater artistiquement, dit Onur Karaman. J’avais tout le temps un petit sourire sur le plateau, parce que je savais qu’on allait faire des affaires flyées. Et on a fait un méchant effort pour le garder fluide, pour le rendre accessible tout en gardant une touche de cinéma d’auteur.»
Le réalisateur n’a pas pour autant l’intention de délaisser à jamais le drame social. Bien au contraire, il travaille comme producteur sur le projet d’un autre réalisateur. Mais il a aussi envie de continuer à s’amuser et de ne pas se peindre dans un coin en étant lié à un seul genre cinématographique.
«Je voulais me dissocier de cette voie dans laquelle j’étais, explique-t-il. Je ne voulais pas qu’on m’associe à un style de films, à une seule langue. Il y a des affaires que je voudrais explorer dans le futur.»
En anglais ou en français, des films d’horreur et de science-fiction sont dans ses cartons. Aller vers le cinéma de genre – anglophone, de surcroît – lui ouvre des portes à l’international comme jamais. En effet, Emptiness reçoit plus de demandes de partout dans le monde que tous ses autres films combinés, affirme-t-il.
«J’aime vraiment mon travail. Je ne me prends pas trop au sérieux, mais je prends mon travail très au sérieux. Je veux raconter des histoires, je veux raconter des histoires de toutes sortes», conclut le réalisateur.
Emptiness est présenté en première mondiale à Fantasia le samedi 22 juillet, à 18h30, au Cinéma du Musée en présence d’Onur Karaman. Le film prendra l’affiche le 27 octobre, juste à temps pour Halloween.