Le ministre Bolduc est évasif à propos des sites d'injection supervisée
À la suite de la publication d’un énième rapport recommandant la
mise en place de services d’injection supervisée pour les
toxicomanes, les intervenants se réjouissent, mais le ministre de la
Santé continue de faire la sourde oreille. «L’avis sera étudié plus amplement, a indiqué hier l’attachée de presse
du ministre de la Santé, Yves Bolduc. Les budgets ne sont pas
illimités, on doit donc prendre les actions qui ont la plus grande
portée possible.»
Publié vendredi par l’Institut national de la santé publique du Québec
(INSPQ), le rapport indique que «s’ils ne peuvent apporter une réponse
à tous les problèmes […] les services d’injection supervisée offrent
des réponses pragmatiques, humanistes et innovatrices à des problèmes
auxquels les approches traditionnelles (prohibition, traitement) et
même les services de réduction des méfaits actuels n’ont pas fourni de
solutions.»
Rapports similaires
Le rapport, qui fait l’analyse d’articles scientifiques publiés dans le cadre de différentes initiatives internationales, recommande que des services
d’injection supervisée soient au moins implantés à Montréal et à
Québec. Il rejoint ainsi les avis du Comité parlementaire sur l’itinérance et
de l’Association médicale canadienne. «Des milliers de personnes
meurent chaque année au Canada à cause des complications liées à
l’injection de drogues. Il est urgent d’agir», a rappelé hier
l’Association pour la Défense des droits et l’Inclusion des personnes
qui consomment des drogues du Québec (ADDICQ).
Même si ce type de service a été inscrit au Programme national de
santé publique du Québec en 2008, rien ne semble bouger, déplore
l’organisme. «Ce n’est pas parce qu’on n’a pas retenu cela dans nos outils que ça ne sera pas fait à l’avenir», répond Mme Sénécal. Les sites d’injection supervisée visent à rejoindre les populations à risque, éviter les surdoses, réduire les nuisances dans les lieux publics et
dépister le VIH et l’hépatite C, qui font des ravages chez les drogués
(prévalence de 15 % et de 62 % respectivement).
Et Vancouver?
Au Canada, seul Vancouver offre des sites d’injection supervisée. Les
toxicomanes peuvent s’y piquer sous la supervision d’un personnel
compétent. Après avoir perdu le premier round, le gouvernement fédéral
conteste en Cour d’appel l’exemption à la Loi sur les drogues offerte à l’organisme qui fournit ce type de service. Un jugement fort attendu.