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La satisfaction au travail

Photo: Métro

Aimez-vous votre travail? Bien des gens détestent ce qu’ils font.

Ils attribuent habituellement cet état de choses à la surcharge de travail, au salaire insuffisant ou à leur mauvais patron. Bien sûr, ces facteurs externes ont leur importance, mais la formule de la satisfaction professionnelle est complexe; aucun facteur pris isolément ne peut garantir qu’on sera heureux au travail. Même si un bon salaire, de la reconnaissance, des possibilités de croissance et une distribution équitable de la charge de travail favorisent l’engagement et le plaisir, un des facteurs les plus importants est le but que ce travail donne à notre vie.

On doit donc se demander: «Quel est le but du travail que je fais, et quel est mon but à moi en l’acomplissant?» Un travail difficile devient plus acceptable si on a une raison motivante de le faire, alors que l’absence de but peut transformer le travail le plus facile du monde en une véritable torture. J’ignore ce qu’il en est pour vous, mais si je consacrais ma journée à une tâche assez simple comme peindre un mur et qu’à la fin de la journée, on me demandait de le repeindre d’une autre couleur, je serais plutôt malheureux, même si le salaire était convenable.

Un homme que j’ai rencontré récemment avait été placé dans cette situation. On lui avait demandé de travailler à un projet incohérent qui, il le savait, serait mis sur une tablette une fois achevé. Son supérieur lui a tout de même demandé de le réaliser, pour des raisons politiques: il fallait satisfaire les cadres supérieurs. Y a-t-il quelque chose qui mine davantage la motivation que cela? Rien d’étonnant à ce que cet homme soit devenu déprimé.

Savoir que notre travail joue un rôle important est un facteur de satisfaction professionnelle crucial. C’est pourquoi on constate un très faible roulement dans les emplois qui comportent, selon la plupart d’entre nous, de nombreux défis. Prenons par exemple le travail avec les personnes souffrant de maladie mentale ou recevant des soins palliatifs.

Lorsque je recrutais des psychologues pour l’Institut Douglas, je n’ai eu aucune difficulté à trouver des candidats pour la plupart des cliniques. Ce fut en revanche plus ardu d’en trouver qui étaient disposés à travailler avec des gens atteints de déficience intellectuelle ou de schizophrénie. La plupart craignaient de ne pouvoir offrir assez à ces patients dont les troubles sont chroniques ou ne répondent pas bien aux traitements psychologiques.

Et pourtant, une fois que les gens commencent à occuper ce type d’emplois, ils y restent longtemps, pour la plupart. Ils n’entrevoient pas de cure miracle, mais ils considèrent que leur travail permet d’améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille. Les personnes   qui présentent les plus grands besoins ne guérissent pas toujours, mais leurs besoins subsistent. Le taux de roulement est très bas dans ces emplois, et le nombre de cas d’épuisement professionnel est étonnamment faible. Le travail est peut-être difficile, mais les gens qui le font se sentent très utiles. Et c’est ce qui les rend heureux d’accomplir leur boulot, malgré tout.

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