Le spectre des matchs truqués plane
Notre chroniqueur est au Brésil pour suivre la Coupe du monde.
Le match que se disputeront le Brésil et le Cameroun cet après-midi à Brasilia, pour la troisième journée du Groupe A, est considéré à haut risque par la FIFA, qui craint une possible manipulation du résultat.
On se souviendra qu’à l’aube de cette Coupe du monde, les joueurs de l’équipe camerounaise avaient menacé de ne pas prendre part au tournoi à la suite d’un conflit avec leur fédération concernant les primes de participation au tournoi. La situation s’est finalement réglée en coulisse, et le Cameroun est arrivé au Brésil 24 heures plus tard que prévu.
Cette situation, ajoutée au fait que le Cameroun est mathématiquement éliminé du Mondial, rend ce match «vulnérable» aux yeux de Ralf Mutschke, directeur de la sécurité des plus hautes instances du football mondial, qui s’est confié au journal Folha de São Paulo. Ces craintes concernent notamment le nombre de buts que les Africains pourraient encaisser, favorisant une large victoire de l’équipe locale, qui pourrait servir les intérêts de groupes criminels.
«Toute l’équipe a bien joué contre la Croatie. Je ne veux pas me prononcer à ce sujet et je ne révélerai rien encore», a par ailleurs ajouté M. Mutschke, qui assurait en mai dernier que la FIFA avait déjà identifié les équipes et les arbitres les plus susceptibles d’être soudoyés.
Au Brésil, les inquiétudes concernant ce match sont balayées du revers de la main par une grande majorité, qui considère qu’une victoire écrasante du Brésil ne constituerait en rien une surprise, face à une équipe qui s’est déjà inclinée 4-0 devant la Croatie.
Une logique qui se tient à première vue, mais qui n’a malheureusement aucun fondement lorsque le monde du crime organisé est impliqué de près ou de loin.
Un fléau mieux connu
Il est bien connu que le fléau des matchs truqués existe depuis des décennies, mais ce n’est qu’au cours des dernières années qu’il y a eu des percées importantes dans les efforts internationaux pour l’enrayer. Interpol et la FIFA travaillent d’ailleurs de concert pour y parvenir.
En mai dernier, le New York Times a mis la main sur un rapport confidentiel de la FIFA qui stipule qu’au moins cinq matchs amicaux, en route vers la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud, avaient été truqués, et que les manipulateurs avaient été épaulés dans leur stratagème par Fédération sudafricaine.
Ces révélations ont créé une onde de choc dans les hautes sphères du football, qu’on croyait jusqu’alors à l’abri de telles escroqueries. La thèse fort répandue selon laquelle seuls les matchs de championnats obscurs peuvent être manipulés est du coup tombée, faisant grandir la crainte de voir le plus grand événement sportif de la planète souillé par les fraudeurs.