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Le boulevard Gouin, l'histoire à ciel ouvert

Son ancien nom, le chemin de la Côte du bord de l’eau, révèle sa position. Le boulevard Gouin longe la rive sud de la rivière des Prairies. Son histoire se confond avec l’histoire de Montréal.

«C’est au moment où d’autres municipalités vont se rajouter à l’ouest que l’on verra le boulevard – qui n’en était pas encore un – continuer son chemin», explique Stéphane Tessier, chercheur en histoire et membre de la Société de généalogie de Montréal-Nord. Devant une soixantaine de personnes, il a animé lundi une conférence à la bibliothèque Henri-Bourassa sur l’histoire de ce boulevard.

Quand les pierres jasent

Sur ce boulevard historique, les anciennes constructions rappellent le passé campagnard et le lieu de villégiature qu’a été cette partie de Montréal.

Le boulevard longe la prison de Bordeaux et c’est grâce à elle – ou pour elle – que le tramway pouvait arriver jusque dans ces faubourgs. Deux voitures cellulaires avaient été spécialement construites pour y amener les prisonniers. Le tramway amènera aussi des vacanciers à Bordeaux. Cette vocation de quartier des loisirs se confirmera avec la construction d’hôtels et la création du parc Belmont, aujourd’hui disparus.

Les maisons témoins

L’histoire, ce sont aussi les maisons qui bordent le boulevard qui la raconte. Gouin est d’abord une étonnante leçon d’architecture. Les maisons sont d’inspiration anglaise avec des attributs de l’architecture française.

Elles sont aussi révélatrices d’un sens de l’humour particulier. Celle d’Arsène Pigeon, au1420, boulevard Gouin Ouest, rappelle par exemple que Pigeon, non content d’avoir épousé une protestante, avait gravé ses initiales dans la pierre de sa porte d’entrée et des formes de mains et de pieds de sa femme. Les gens ont cru que c’était des signes cabalistiques. Victime des placotages du village, il répondit dans la pierre en gravant une figure humaine tirant la langue.

De 1734 à aujourd’hui

Ouvert entre 1734 et 1737, le chemin de la Côte du bord de l’eau, qui prit plus tard le nom de chemin de la Reine, permettait d’avoir une route carrossable dans le nord de l’île. «On sait que l’on pouvait aller à cette époque de la pointe est de Montréal, à Rivière-des-Prairies, pour se rendre grosso modo jusqu’à l’île Bizard et Sainte-Geneviève», indique M. Tessier. Autant dire qu’il avait le prolongement actuel.

Le chercheur souligne toutefois que «Gouin, ce n’est pas un développement continu. Il n y a pas de traces écrites qui disent que ça commençait à un endroit et ça s’en allait à un autre.» Ce sont les municipalités qui naissent au 19e siècle qui lui ont donné sa continuité.

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