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Action jeunesse de l’Ouest-de-l’Île souffle sa 5e bougie

EWAN SAUVES

Vu de l’extérieur, le 117 avenue Donegani, à Pointe-Claire, ne ressemble pas à grand-chose. Une fois la porte du troisième étage franchie, un petit couloir mène à la salle d’intervention. Un premier coup d’œil donne le vertige: les murs sont tapissés de haut en bas par des affiches contre la violence et des cartes géographiques de l’Ouest-de-l’Île.

Bienvenue dans les locaux d’Action jeunesse de l’Ouest-de-l’Île (AJOI), voué à l’intervention et à la prévention auprès des jeunes de 12 à 25 ans.

Depuis 2006, les travailleurs des rues ont réussi à réaliser 14 000 interventions auprès de jeunes en difficulté, dont 3124 portées sur des problèmes de toxicomanie. Deux jeunes hommes, aux allures bien différentes, constituent le cœur et l’âme d’AJOI: Benoit Langevin, directeur, et Philippe Vaugeois, coordonnateur clinique.

«Je finissais le bac en communication et il y avait un projet d’animateur de milieu disponible sur le site de l’UQAM, se remémore Benoit Langevin. Je me suis présenté à l’entrevue banalement, j’avais mon skateboard en dessous de mes pieds, j’avais 26 ans. Je n’avais pas la tête du tout à me lancer dans un projet.»

L’offre d’emploi a été affichée par Claire Wallot, une organisatrice communautaire au Centre de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île, après une étude réalisée en 2006 par la Table de concertation jeunesse. Ce regroupement d’intervenants de la région est à l’origine d’AJOI.

Durant les deux premières années, Benoit Langevin travaille depuis le sous-sol de la maison des jeunes de Pierrefonds, «en dessous des escaliers». Là, le jeune homme apprend tout le côté gestion et comptabilité d’une entreprise.

Qu’est-ce qu’AJOI, après cinq ans d’existence? Le jeune professionnel décrit son organisme comme un «d’outreach, qui offre une approche généraliste et non de spécialiste, qui permet d’aller vers les jeunes et de leur offrir des services qui existent déjà». 

Équipe grandissante

Depuis 2009, AJOI garde pignon sur rue à Pointe-Claire, dans des locaux plus grands, tout comme son équipe. Aujourd’hui, elle est constituée de huit employés à temps plein, deux à temps partiel, ainsi qu’une adjointe administrative.

En juillet 2007, Philippe Vaugeois devient le premier travailleur de rue. «Les premières journées sur le terrain, ça a changé ma vie. Ça m’a donné l’opportunité d’utiliser des qualités et des forces que j’avais pour entrer en contact avec les gens.»

Aujourd’hui, en tant que coordonnateur clinique, son travail consiste à guider les autres intervenants de rue et à assister les spécialistes en santé de la région dans leur intervention. Par exemple, un psychologue qui ne sait comment réagir à la suite d’un message hasardeux de son patient peut entrer en contact avec Philippe Vaugeois pour conseils et opinions.

Le cellulaire de Philippe Vaugeois est donc souvent ouvert. «Le téléphone sonne, tu es en train de donner le bain aux enfants et il y a une situation d’urgence, je mets la couche en vitesse et je sors dehors», lance-t-il en riant.

Défis dans l’Ouest

Selon Benoit Langevin, l’Ouest-de-l’Île est un endroit qui apporte de nombreux défis pour plusieurs raisons. Par habitant, la région possède le deuxième taux le plus élevé de signalement de tentatives de suicide dans les Centres de santé et de services sociaux.

«On a plus de jeunes de 10 à 24 ans que la statistique montréalaise, fait-il remarquer. Il y a eu un moment où la densité adolescente était tellement importante qu’il a fallu créer AJOI.»

Une autre statistique met plusieurs bâtons dans les roues de l’organisme: 65 % des jeunes de l’Ouest ne fréquentent pas une école secondaire dans leur municipalité. Résultat: une migration adolescente «faramineuse». «Ça engendre, entre l’école et la maison, une surpopulation dans les espaces publics comme Fairview et le Colisée [de Kirkland].»

Pour le conseiller l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro, Dimitrios Jim Beis, AJOI est une source d’aide précieuse pour les villes, établissant une connexion importante avec les jeunes dans le besoin. «Ça permet aussi de nous donner de l’information sur ce que les jeunes font dans une ville, dans un territoire, où ils trainent et pourquoi», dit l’élu.

Même si AJOI a connu une augmentation de 31 % de ses revenus l’année dernière, la mission pour les prochaines années reste à développer son volet financement pour assurer sa survie. «72 % de notre budget est à renouveler annuellement, ajoute Benoit Langevin. C’est la réalité des organismes communautaires.»

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