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Le nutritionniste urbain: «On a la capacité de changer les choses»

Le nutritionniste Bernard Lavallée.
Bernard Lavallée est bien connu grâce à son blogue Le nutritionniste urbain. Photo: Katya Konioukhov\collaboration spéciale

Habituellement, les nutritionnistes s’intéressent à la santé des gens. Bernard Lavallée, lui, s’intéresse en plus à celle de la planète.

Dans son ouvrage Sauver la planète une bouchée à la fois, en librairie depuis quelques jours, le nutritionniste urbain Bernard Lavallée donne des conseils et des trucs pour adopter une alimentation durable. Métro s’est entretenu avec l’auteur, question de savoir comment sauver la planète… une bouchée à la fois!

Vous ratissez large dans votre livre, allant de l’achat local au gaspillage alimentaire, en passant par la pêche durable. Est-il vraiment possible d’appliquer tous ces trucs à la fois?
Non. J’ai essayé tous ces trucs-là, mais je ne les applique pas tous au quotidien. Et c’est correct comme ça. Le but, ce n’est pas de les adopter tous, mais que chacun fasse ce qu’il est capable de faire, ce qu’il est capable d’intégrer à son quotidien. Quand un truc est bien intégré, que ça ne lui demande plus d’efforts, il peut passer à un deuxième, puis à un troisième, etc. Et même si tout le monde n’applique qu’un truc ou deux du livre, ça va vraiment faire une différence. Tout appliquer, c’est impossible… ça demanderait de quitter la civilisation.

Ça serait coûteux en argent et en temps de devoir s’approvisionner exclusivement de cette façon-là…
Pas nécessairement. Tout ce que j’ai écrit dans le livre est à 100% cohérent avec une saine alimentation, c’est-à-dire avec les recommandations habituelles des nutritionnistes. Grosso modo, il s’agit de manger plus de fruits et légumes, de manger moins de viande et de privilégier les protéines végétales. Juste le fait de manger moins de viande, ça diminue beaucoup le coût de l’épicerie. Un autre truc que je donne: cuisiner. Ça coûte moins cher de cuisiner soi-même ses aliments que d’acheter du prêt-à-manger.

De tous les trucs dont vous parlez dans le livre, lequel est-il le plus urgent d’adopter?
Le fait de cuisiner soi-même. Ç’a un gros impact parce que dès qu’on se met à cuisiner, on veut que ça goûte bon, on veut des aliments frais. Réapprendre à cuisiner, ça nous sort de notre dépendance à l’industrie agroalimentaire, ce qui a un gros un impact sur notre santé et sur celle de la planète.

Les gens cuisinent si peu que ça?
Oui, les Québécois cuisinent peu. La preuve, c’est que l’industrie développe toujours plus de produits prêts-à-manger, et les ventes ne diminuent pas. Ce marché-là, ça marche super fort.

«Même si on sait qu’on a un impact sur l’environnement, on a besoin de trucs pratiques pour faire des changements, sinon on ne fera rien. Mon but était d’offrir des trucs aux gens.» – Bernard Lavallée, nutritionniste et auteur

Est-ce que les Québécois sont loin de l’alimentation verte et durable?
Hum, oui. En ce moment, le Nord-Américain typique consomme beaucoup d’aliments transformés. On mange aussi beaucoup de viande, un des aliments qui produisent le plus de gaz à effet de serre.

Depuis quelques années, on parle beaucoup des impacts de notre consommation sur la planète et sur notre santé. Commence-t-on à en être plus conscients?
Il y a des initiatives populaires qui ont bien fonctionné: le lundi sans viande, la dénonciation du gaspillage alimentaire qui s’est intensifiée depuis deux ans et la pêche durable. Les supermarchés offrent désormais plus de poissons issus de la pêche durable, et ce, grâce à Greenpeace et à la pression populaire. Pour moi, quand c’est rendu dans les supermarchés, c’est que ç’a fonctionné.

Quel était votre but en écrivant ce livre?
Je voulais que les gens réalisent que manger a un impact sur l’environnement et qu’on a la capacité de changer les choses facilement, avec des trucs concrets. Je souhaitais aussi qu’ils réalisent, pour paraphraser Laure Waridel, qu’on vote tous trois fois par jour avec notre fourchette. C’est important de comprendre que chaque fois qu’on mange quelque chose, on encourage la compagnie qui a produit cet aliment. Il faut se demander ce qu’on a envie d’encourager comme compagnie et comme type de production.

SauverLaPlaneteSauver la planète une bouchée à la fois
Éditions La Presse

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