L’Île-Bizard veut poursuivre Montréal pour «destitution illégale»
Le maire de l’arrondissement Île-Bizard–Sainte-Geneviève compte poursuivre la ville-centre pour «destitution illégale» et lui refiler la facture de ses démarches judiciaires, alors que les conclusions du rapport d’enquête qu’il a commandé sur les agissements de sa directrice par intérim, Nancy Bergeron, sont selon lui «diamétralement opposées» à celles de Montréal.
C’est ce qu’a déclaré le premier magistrat de l’arrondissement, Normand Marinacci, lors du conseil du mardi 8 septembre, alors que le sujet est au cœur de nombreuses discussions depuis plusieurs mois.
Afin de défendre les droits de l’arrondissement, un mandat a tout d’abord été octroyé à la firme d’avocats Dunton Rainville, qui avait également été mandatée par le maire pour mener l’enquête sur la directrice. Un deuxième mandat a ensuite été octroyé à la firme Casavant Mercier pour représenter Mme Bergeron devant la justice. L’arrondissement réclamera le remboursement des factures de frais de justice de 100 000$ à la Ville de Montréal.
«Un mur»
«Je me suis assis avec Denis Coderre, puis avec Alain Marcoux, et je me suis heurté à un mur. J’ai tout tenté dans ce dossier pour avoir des rencontres, parce que ça ne m’intéresse pas d’aller en Cour. Mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse quand il y a des valeurs en jeu», a lancé le maire pour justifier sa démarche aux résidents présents au conseil.
Ce dernier avance que son rapport a blanchi Mme Bergeron des résultats d’enquête du contrôleur général, Alain Bond. Le rapport de M. Bond, rendu le 12 août, identifiait et confirmait la mauvaise conduite de la directrice envers les employés et avait souligné l’urgence d’agir afin de restaurer le bon climat de travail à l’Île-Bizard.
Les cols blancs, qui accusent Mme Bergeron de menaces et d’intimidations, avaient déposé le 30 juin une plainte au directeur des relations de travail. S’opposant aux démarches de Montréal, M. Marinacci avait commandé sa propre enquête et fait appel à la firme d’avocats Casavant Mercier pour bloquer celle de la ville-centre.
Dans le sommaire décisionnel de la séance de mardi soir, on peut d’ailleurs lire que «toutes les plaintes sont non fondées […] L’analyse minutieuse des allégations des plaignants n’a pas démontré de manière probante un exercice abusif ou discriminatoire des droits de la direction par madame Nancy Bergeron».
Congédiement
Marinacci déplore également que Montréal n’ait pas voulu attendre les résultats de son enquête, malgré ses multiples demandes, avant d’avoir congédié Mme Bergeron le 26 août et suspendu son salaire.
«Le comité exécutif a congédié sans droit la directrice d’arrondissement par intérim de l’arrondissement, est-il écrit dans le sommaire. Le pouvoir d’embauche et de congédiement appartient exclusivement à l’arrondissement. Suite au rapport d’enquête l’exonérant de tout blâme, le conseil d’arrondissement a pris la décision de maintenir à son poste la directrice d’arrondissement et qu’il entend supporter cette dernière pour faire valoir ses droits».
Démarche questionnée
Pour le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, Alain Fugère, aussi présent au conseil, l’arrondissement «s’entête au détriment des gens qui côtoient [le maire] au quotidien et qui ont souffert pendant longtemps. Et ils vont continuer à souffrir, en ne sachant pas ce qui va se passer».
En ce qui a trait au rapport d’enquête, il «se demande quel échantillonnage a été fait. On comprend mal que la firme mandatée pour défendre l’arrondissement est la même que celle qui a fait l’enquête», a questionné le principale intéressé.
Le maire s’est refusé à tous commentaires quant au rapport de son enquête dont les frais s’élèvent à 25 000$.