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Un nouveau nom pour le «chemin des sauvages»

Photo: Amine Esseghir/TC Media

«Le chemin des sauvages» qui longe le cimetière du Sault-au-Récollet devrait changer de nom à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal. Une démarche citoyenne a été lancée pour changer ce nom jugé inapproprié et donner une dénomination officielle à cette ruelle. L’initiative bénéficie de l’adhésion des élus locaux, mais pourrait se heurter à des difficultés administratives.

Le «chemin des sauvages» est la ruelle séparant le cimetière du Sault-au-Récollet et le collège Mont Saint-Louis. Elle relie le boulevard Henri-Bourassa Est à la rue Garnier. Il s’agirait des restes du sentier emprunté par les Amérindiens qui résidaient au Fort Lorette au 17e siècle.

«Depuis mon jeune âge, j’entends les anciens du quartier nommer ce passage « chemin des sauvages », explique Pierre Lachappelle, résident d’Ahuntsic à l’origine de cette démarche. Ce surnom n’est pas officiel, mais le lieu est appelé ainsi par les résidents des environs.

«Le nom est aujourd’hui connoté, on ne peut pas le garder», s’insurge M. Lachapelle qui constate que depuis des décennies rien n’a été fait pour nommer ce passage.

Il a déjà adressé une correspondance à la division de l’urbanisme de la Ville de Montréal pour qu’un processus de dénomination officielle soit entrepris. «Nous n’avons pas encore de nom précis à proposer, mais j’ai suggéré le nom chemin des Hurons», dit-il.

Soutien des élus
«J’adhère tout à fait à cette initiative, indique Lorraine Pagé, conseillère du Sault-au-Récollet, district où se situe ce chemin. Ce serait assurément quelques chose à faire pour le 375e de Montréal.»

Elle défend pour sa part un acte symbolique, si le processus devant l’administration est trop long. «Si le nom est valable du point de vue historique, ce ne sera ni difficile ni trop cher de le faire et ce sera une contribution à la sauvegarde de la mémoire du quartier», assure-t-elle.

Le maire d’Ahuntsic-Cartierville, Pierre Gagnier, convient que l’idée est intéressante, mais il met toutefois un bémol. «Il faut s’appuyer sur des avis de spécialistes avant de prendre une quelconque décision», prévient-il.

Il est rejoint dans son point de vue par Valérie Nadon, co-présidente de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville. «On sait qu’il y avait un chemin qui menait à Fort Lorette, mais est-ce vraiment celui-là? Il faut faire des recherches pour s’assurer que c’est le bon endroit», explique-t-elle.

Car, pour dénommer un lieu à Montréal, il faut se prévaloir de solides arguments devant la commission de Toponymie.

Chemin de croix
André Dudemaine, directeur du Festival présence autochtone en sait quelque chose. Il soutient la dénomination de lieux en référence à l’histoire autochtone dans la métropole depuis quelques années.

Pour lui, la nouvelle dénomination d’un chemin qui rappelle la présence autochtone est une bonne chose. «Les noms des rues sont les discours des lieux, plaide-t-il. Nous essayons de changer le nom de la rue Amherst depuis des lustres sans pouvoir le faire.»

Le général Jeffrey Amherst est reconnu pour avoir tenu des propos soutenant l’extermination des Amérindiens et aurait aussi suggéré d’utiliser la variole pour les anéantir en distribuant aux autochtones des vêtements infectés par des malades.

Toutefois M. Dudemaine a enregistré quelques bons coups. Il cite le jardin des Premières Nations au jardin botanique ou le belvédère du mont Royal baptisé belvédère Kondiaronk, du nom du chef Wendat qui a contribué à la grande paix de Montréal, en 1701.

 

Des noms difficiles à porter

Des cas de dénominations problématiques ne sont pas rares tant au Québec qu’ailleurs. Les lieux qui incluaient le terme «nègre» ou «nigger» seront rebaptisés après que la Commission de toponymie de la province ait annoncé en septembre de l’année passée, que onze lieux devaient changer de nom. Une décision intervenue après un âpres débat soulevés par un groupe de citoyen sur sur la pertinence du nom donné aux rapides des Nègres, en 1970 à Bouchette, dans la région de l’Outaouais.

Chez nos voisins du sud, la saison de football américain de 2014 avait été marquée par une polémique autour du nom de l’équipe de Washington, les Redskins (les peaux rouges).

En juin 2014, le bureau fédéral chargé des marques et des appellations avait annulé celle de l’équipe de football qualifiée de «désobligeante» faisant perdre ainsi à l’équipe tous ses droits sur ses franchises et produits dérivés.

En août de la même année, les éditorialistes du  Washington Post avaient décidé de ne plus utiliser l’expression dans leurs articles.

En 2006, un arbitre avait refusé de superviser les matchs des Redskins du fait de leur nom controversé.

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