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Ces élèves qui prennent les plus jeunes sous leurs ailes

Photo: Romain Schué/TC Media

Mis en place depuis bientôt 12 ans, le projet des pairs aidants permet à des jeunes de 3e à 5e secondaire de venir en aide à de nouveaux entrants. Véritable succès à l’école Calixa-Lavallée, ce programme, réalisé en collaboration avec Coup de pouce jeunesse, a notamment contribué à réduire drastiquement le taux de décrochage.

Lors de chaque pause du dîner, aux alentours de 11h15, le local situé au rez-de-chaussée de l’école secondaire Calixa-Lavallée s’anime bruyamment.

Dans un coin de ce contiguë espace, dans lequel sont aménagées une quarantaine de chaises et quelques tables, un micro-onde s’apprête à vibrer, prêt à accueillir les lunch d’une quarantaine de jeunes de première année, qui ont découvert l’établissement quelques semaines plus tôt.

«Certains ont du mal à s’intégrer, ils ont besoin d’aide. Passer du primaire au secondaire, c’est une grande marge», explique Meryem Rabia, 16 ans. Trois ans plus tôt, cette dernière était à la place de ces nouveaux arrivants, un peu perdue, à la recherche d’un contact bienveillant.

«En entrant à l’école, j’étais toute seule. Grâce à ce local, j’ai trouvé des amis», reprend celle, qui, comme ses camarades, joue «un rôle de grand frère ou grande sœur» et assure, en alternance, deux présences bihebdomadaires dans ce local.

Ce projet réalisé avec Coup de pouce jeunesse amène une plus-value inestimable. Grâce à ce programme, les élèves plus âgés développent leur leadership et les plus jeunes se sentent en sécurité.»
Dominic Blanchette, directeur de Calixa-Lavallée

Un rôle d’intégration sociale
Fondé en 2005 à Calixa-Lavallée, ce programme des pairs aidants est vaste. Alors que des jeux de société invitent dans cette pièce à se réunir, ces jeunes de 14 à 18 ans ont avant tout un rôle d’intégration sociale.

«Le but, c’est que les nouveaux venus quittent le local et n’y restent pas toute l’année. On veut qu’ils déploient leurs ailes, qu’ils soient plus autonomes», détaille Jessica Landry, coordinatrice à Coup du pouce jeunesse, l’organisme en charge de ce projet.

Aide aux devoirs, simple discussion, accompagnement aux inscriptions, aux différentes activités de l’établissement voire au bus de fin de journée, tout est mis en œuvre pour «réduire l’insécurité et développer le sentiment d’appartenance à cette communauté», assure Lucille Buist, conseillère pédagogique de l’école secondaire depuis 2002.

«Les premières fois, aller à la cafeteria peut être menaçant. Mais si l’expérience devient positive, ce sera un bon facteur de persévérance scolaire», reprend-elle.

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Beaucoup de demandes
Devenir un pair aidant attire. À la dernière rentrée, plus de 40 jeunes ont postulé pour seulement 28 places. «On est obligé de refuser du monde», confirme le directeur Dominic Blanchette.

Pour réaliser au mieux leur mission, ces jeunes bénéficient régulièrement de formation dans le domaine de l’animation, de la médiation et de la résolution de conflits. Une rencontre mensuelle est également au programme avec Coup de pouce jeunesse et la direction de l’établissement.

«C’est une expérience qui nous prépare aussi à la vie. Tout ça nous sera très utile dans la vie», certifie Saguira Charles, 14 ans, les bras chargés de livres, prête à reprendre son quotidien d’étudiante. Mais sans réellement quitter ses habits de pairs aidants.


Des pairs aidants enthousiastes

Lucille Buist, conseillère pédagogique de Calixa-Lavallée, est formelle. Depuis sa création, ce programme a grandement contribué à la baisse du taux de décrochage. Auprès des nouveaux entrants, mais également auprès de ces pairs aidants.

«La mère d’un de ces volontaires m’a dit que si son garçon n’avait pas participé à ce groupe, il aurait pu quitter l’école. Tout le monde y gagne», certifie-t-elle, soutenue par les principaux intéressés.

«Au début, j’étais un peu gênée. Maintenant, je me sens plus confiante, je peux parler devant un public», reprend Kerna Nessa Dessalines, 18 ans et pair aidante depuis trois ans, qui souhaite devenir travailleuse sociale. De son côté, Marie-Eve Sanon, 15 ans, se dit «plus mature, plus réfléchie». «Ça m’enrichit», glisse cette élève de 4e secondaire.

«On les voit évoluer et développer des habilités sociales, confirme Stéphanie Gagné, responsable au quotidien de ce projet, assurant «ne pas sélectionner que des très bons jeunes à l’école, mais aussi ceux qui ont des difficultés.»

«On veut leur apporter une estime de soi. Ils sont là pour aider les plus jeunes, mais en réalité, ils s’aident aussi eux-mêmes.»

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