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Le personnel du CHUM lance un cri d’alarme

Photo: Josie Desmarais

Des employés du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) ont dénoncé leurs conditions de travail intenables et l’épuisement généralisé dont ils sont victimes lors d’une manifestation mercredi devant le mégahôpital. Les congés de maladie se multiplient, le manque de personnel se fait sentir et le moral est au plus bas, disent-ils.

La rupture est totale entre les syndicats de la santé et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Ils ont rappelé mercredi, dans les rues de Montréal, leur détermination à faire front contre le Parti libéral du Québec aux prochaines élections.

«M. Barrette, M. Couillard, on va se rappeler de ça aux prochaines élections, on va se rappeler que vous ne réglez pas les problèmes du réseau, sauf pour les médecins, que vous ne vous occupez pas du vrai monde, mais juste de vos amis!» a martelé le vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jean Lacharité, récoltant l’appui des centaines de manifestants réunis en masse devant le CHUM.

La manifestation s’est tenue après le congrès de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui s’est déroulé au Palais des congrès de Montréal mercredi. Les manifestants ont marché jusqu’au CHUM où les attendaient des employés de l’hôpital.

Chantale Peloquin, une brancardière au CHUM, en avait gros sur le cœur. «On est six en arrêt maladie en ce moment. Il y en a qui ont démissionné, d’autres qui changent de poste», a-t-elle raconté.

«Avant on faisait l’équivalent de Montréal-Laval par jour, a-t-elle relaté. Maintenant, je peux faire Montréal-Québec à pied certains jours.» Montréal Québec, c’est 200 kilomètres. À pied. En poussant un brancard.

Son collègue, Philippe Gauthier, aussi présent à la manifestation, veut pour sa part se trouver un emploi dans l’administration. Les brancards, c’est fini, a-t-il dit, épuisé.

Le président du Syndicat des employé-es du CHUM, Claude Talbot, constate aussi l’épuisement généralisé des employés, dû notamment à la taille de l’hôpital et ses corridors de 250 mètres de long.

«Les gens tombent au combat, en dépression par exemple. C’est l’assurance de l’employeur qui paye pour ça. On n’est pas gagnant. Ce qu’on essaie d’économiser d’un côté, on le perd de l’autre », a-t-il détaillé.

Les syndicats demandent notamment au ministre Barrette d’annuler le partenariat public-privé qui lie le CHUM au consortium privé qui a construit et financé la moitié de l’hôpital. L’État paye une facture de 12 à 14M$ par mois au consortium, qui doit effectuer la maintenance de l’hôpital. De nombreux employés ont rapporté des problèmes dans la gestion et le suivi des réparations qui prennent parfois des semaines avant d’être effectuées. Ils dénoncent surtout l’action du ministre Barrette, qui a amorcé une série de coupes budgétaires depuis 2014, ce qui a grandement contribué à la détérioration des conditions de travail du personnel hospitalier, ont-ils dit.

Le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley, a parlé d’un mouvement de contestation «jamais vu et sans précédent» contre le gouvernement. «Le monde est en surcharge dans tous les hôpitaux du Québec», a-t-il affirmé.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux affirme qu’il est ouvert «à évaluer les solutions qui pourraient être mises en place et est en action à ce sujet». Un projet pilote a été mis sur pied au début du mois de mai dans 13 hôpitaux du Québec. «Ces projets-pilotes permettront de se baser sur des données rigoureuses et complètes pour améliorer les conditions de travail des professionnels, tout en s’adaptant aux besoins des usagers», a-t-il répondu. Ce projet pilote vise à réduire de moitié le ratio infirmières-patients.

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