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L’ouragan portugais

A damaged car is pictured in Figueira da Foz on October 14, 2018 after the post-tropical storm Leslie reached Portugal. - Storms packing nearly 180 kilometre-per-hour winds hit Portugal leaving hundreds of thousands of people without power before carrying heavy rain on into Spain, authorities said. (Photo by CARLOS COSTA / AFP) Photo: AFP

Dimanche dernier, un ouragan répondant (enfin, c’est une façon de parler) au nom de Leslie a touché terre à une centaine de kilomètres au nord de Lisbonne, au Portugal. Il s’agit du premier à frapper la péninsule ibérique en plus de 175 ans. D’habitude, dans l’Atlantique, les ouragans sont poussés des zones tropicales vers le nord-ouest, vers les Caraïbes et l’Amérique du Nord, par l’effet combiné de la force de Coriolis et de la dépression atmosphérique. Mais parfois, notamment si les eaux plus au nord sont assez chaudes, ces vilains tourbillons monstrueux peuvent prendre le chemin de l’Europe.

C’est ce qui s’est passé la semaine dernière, à la grande surprise des météorologues. Quand je dis surprise, je ne veux pas dire que les météorologues prévoyaient une journée parfaitement ensoleillée et que, lorsqu’ils ont sorti la tête par la fenêtre, ils se sont dit «oupelaï…» Ce que je veux dire, c’est que c’est un phénomène rare qu’il était impossible de prévoir il y a trois mois, voire il y a un mois.

Le problème, avec le climat, c’est qu’il s’agit d’un système chaotique. Un système chaotique, c’est un système où, si tu changes ne serait-ce qu’un seul des paramètres de départ, les résultats à l’autre bout peuvent être radicalement différents. C’est la fameuse image (éculée) du battement d’aile d’un papillon à Rivière-du-Loup qui finit par causer (ou prévenir) une tornade au Texas. Chaque microchangement de température, de pression, de direction du vent (ou de deux millions d’autres variables) fait que tu dois tout recalculer. C’est pourquoi les modèles climatiques requièrent les plus puissants ordinateurs du monde, comme le Summit au Oak Ridge National Laboratory, au Tennessee.

Les climato-sceptiques les plus «sophistiqués» (avec beaucoup de guillemets) aiment bien rappeler qu’on ne sait pas vraiment ce que les changements climatiques produiront comme effets. Et dans un certain sens, ils ont raison: personne aujourd’hui ne peut prévoir, à l’échelle locale, ce qui se produira dans 10, 20 ou 30 ans. Mais les mots importants ici sont «à l’échelle locale». On ne sait pas précisément ce qui arrivera à Oulan-Bator, à Amsterdam ou à Matane. Mais on sait certaines choses : on sait par exemple que plus de chaleur = plus de puissance. On sait que plus de chaleur = moins de glace, et donc plus d’eau. On sait aussi que plus de chaleur = plus d’imprévisibilité.

Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas exactement ce qui va se passer qu’on ne sait pas qu’on s’en va vers du pire. T’embarquerais-tu dans une voiture montée sur un moteur de fusée sous prétexte que le conducteur n’a pas de plan précis et qu’il veut juste aller faire une balade? J’pense pas, non.

Au final, l’ouragan Leslie n’a pas été catastrophique pour le Portugal, sauf pour quelques centaines de milliers de personnes privées d’électricité et des millions d’euros de dommages. Mais c’est un autre rappel qu’il faut faire quelque chose. Et vite! Et contrairement aux discours défaitistes qu’on entend ces jours-ci, lutter contre LE PIRE scénario des changements climatiques est encore très possible.

Et comme disait ma grand-mère : «Tout ce qui est moins pire est souvent un peu mieux.»

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