Chantiers: les commerçants montréalais pourront recevoir jusqu’à 30 000$
Les commerçants qui perdent des revenus à cause des nombreux chantiers dans la métropole pourront obtenir une compensation de la Ville de Montréal pouvant aller jusqu’à 30 000$ par année.
«C’est un jour historique à Montréal», a lancé mercredi le responsable du développement économique, Robert Beaudry, lors du dévoilement de deux programmes d’aide aux commerçants affectés par les travaux. «Ça fait des années qu’on milite en ce sens. On passe maintenant de la parole aux actes», a-t-il ajouté. Une somme totale de 25M$ sera investie par la Ville au cours des quatre prochaines années, une première du genre au Canada.
Rétroactif au 1er janvier 2016, cette aide financière sera offerte aux commerces situés dans des secteurs où les travaux de construction de conduits d’égout ou d’aqueduc sont exécutés par la Ville ou une ville liée, et dont la durée minimale est de six mois. Quant aux projets majeurs d’infrastructures, ceux-ci devront être réalisés par la Ville ou la Société de transport de Montréal (STM), dans une durée minimale de 36 mois.
L’adoption du règlement officiel est prévue pour le mois de décembre. La Ville vise principalement les chantiers en cours sur les rues Saint-Paul, Saint-Denis et Sainte-Catherine, ainsi que les travaux sur la rue Bishop. Les chantiers du Réseau électrique métropolitain (REM), eux, sont exclus de la réglementation. La Ville s’attend à recevoir une quinzaine de demandes dès janvier, date à laquelle la Ville répondra progressivement aux premières demandes dans un délai de plus ou moins deux mois.
Au fil du temps, l’administration promet un «monitoring constant» auprès des commerçants pour assurer la performance des mécanismes en place.
Des secteurs privilégiés
Les entreprises considérées pour ces subventions devront œuvrer dans le secteur de la vente du détail, de la location de produits ou de la prestation de services aux consommateurs. Seront exclues les compagnies de massage, de services professionnels, de services scientifiques et financiers ou encore de soins de santé. Les firmes immobilières ne sont pas non plus admissibles aux programmes.
Pour y être éligible, les commerces devront avoir commencé leurs activités avant le début des travaux, prévient la Ville. Une première tranche de 15% de leurs pertes ne sera pas couverte par la Ville. Ils devront par la suite faire la démonstration de cette perte pour être admissibles au programme.
Pour faciliter le processus d’octroi de ces subventions, Montréal a indiqué qu’elle ne demandera que des documents «facilement disponibles» aux commerçants, soit des déclarations de revenus, des états financiers ou des avis de cotisation.
«On est déterminés à offrir une aide solide aux commerces. Et il faut voir que par ce programme, Montréal rayonne comme chef de file. On a eu des appels de Québec déjà. Ça attire l’attention.» – Robert Beaudry, responsable du développement économique au comité exécutif, qui a insisté sur le caractère exemplaire du programme.
«Ça ne nous aura pris qu’un an pour agir, a a ajouté l’élu responsable du développement économique. On aurait bien voulu être l’administration précédente pour agir quand plusieurs commerces ont fait faillite. Mais on y a été le plus rapidement possible, avec les moyens qu’on avait.»
Les SDC visées
En plus de l’aide financière offerte aux entreprises, la Ville de Montréal a réservé une somme de 16,8 M$ au cours des dix prochaines années pour donner un coup de main aux artères commerciales. Il s’agit autrement dit d’une version améliorée et actualisée de l’ancien programme PRAM-Artère. Avec la nouvelle mouture, pour un chantier d’une durée moyenne de 18 mois, près de 330 000$ pourraient être accordés.
De quoi intégrer «de nouveaux éléments qui répondent mieux aux défis des commerçants», dit Robert Beaudry, qui estime ainsi être en mesure de limiter l’impact des chantiers majeurs.
Des subventions directes aux commerçants pourront également être accordées pour la rénovations de bâtiments, à la hauteur de 250 000$ par édifice, peu importe sa taille. L’ensemble de ces investissements ne commenceront qu’en 2019, mais pourront s’étaler jusqu’en 2028, rappelle la Ville.
La présidente de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal, Caroline Tessier, a salué les initiatives de l’administration de Valérie Plante implantées au profit des commerçants montréalais. «On a toujours été là pour nos membres, et les annonces qui ont été faites aujourd’hui vont en ce sens-là. On est très heureux», a-t-elle indiqué, disant entrer dans une nouvelle ère au nom de plusieurs commerçants.