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L’opposition attaque Lamontagne, mais Legault lui renouvelle sa confiance

André Lamontagne, ministre de l'Agriculture. Photo: La Presse canadienne Photo: André Lamontagne, ministre de l'Agriculture. Photo: La Presse canadienne

Jour après jour, depuis une semaine, le ministre André Lamontagne continue de placer le gouvernement Legault dans l’embarras, à la suite de ses déclarations contradictoires relatives au congédiement du fonctionnaire et lanceur d’alerte Louis Robert.

Mardi, jour de rentrée parlementaire, les partis d’opposition s’en sont donné à coeur joie pour dénoncer les cafouillages du ministre de l’Agriculture (MAPAQ), déplorer son manque de jugement et exiger des correctifs à la loi sur les lanceurs d’alerte adoptée en 2017.

Malgré cela, le premier ministre François Legault a renouvelé sa confiance envers son ministre de l’Agriculture, rejetant le blâme sur le sous-ministre du MAPAQ, Marc Dion. Ce congédiement procédait d’une décision administrative, pas d’une décision politique, a soutenu M. Legault en Chambre, durant la période de questions, rappelant qu’il avait demandé la veille à la protectrice du citoyen de mener une enquête sur les circonstances entourant le renvoi du fonctionnaire de carrière. Le ministre Lamontagne, quant à lui, a refusé de répondre aux questions des journalistes mardi.

En point de presse en matinée, l’opposition péquiste est passée à un cheveu d’exiger sa démission, en rappelant que le premier ministre François Legault n’avait pas hésité à exclure MarieChantale Chassé du conseil des ministres, en raison de ses problèmes de relation avec les médias. «Je vais laisser M. Legault appliquer le même jugement qu’il a eu pour Mme Chassé», a commenté le leader parlementaire de l’opposition péquiste, Martin Ouellet.

Le chef de l’opposition officielle, le libéral Pierre Arcand, s’est dit très inquiet, estimant que les déconvenues du ministre Lamontagne étaient la preuve que le gouvernement Legault ressemblait à «un club-école» sans expérience ni cohérence. Questionné à savoir si M. Lamontagne avait toujours la crédibilité nécessaire pour faire partie du conseil des ministres, il a fait valoir que le ministre en était à sa «quatrième, cinquième, sixième ou septième version» des faits entourant l’affaire Robert. Il a plaidé pour que ce dernier soit réintégré dans ses fonctions, en attendant la suite des choses.

«Actuellement, ça ne va pas du tout» pour le gouvernement, selon lui. Renforcer la loi Québec solidaire et le Parti québécois ont réclamé une bonification de la loi censée protéger les lanceurs d’alerte. Les libéraux seraient ouverts à en discuter. «On n’exclut pas de le faire», a réagi le premier ministre Legault lorsque la question lui a été posée, mais sans s’engager davantage dans cette voie.

La loi actuelle, visiblement, «n’assure pas aux lanceurs d’alerte une réelle protection», a déploré la porte-parole de Québec solidaire, la députée Manon Massé, disant craindre que le congédiement du fonctionnaire et agronome Louis Robert allait «décourager les autres lanceurs d’alerte» de dénoncer des situations inacceptables. Le député péquiste Sylvain Roy a renchéri, souhaitant qu’on offre «une vraie protection aux lanceurs d’alerte qui sont là pour dénoncer des situations qui sont potentiellement dangereuses pour la santé publique et l’environnement».

Lundi, le ministre Lamontagne faisait son mea culpa, regrettant de s’être vanté publiquement, quelques jours plus tôt, en point de presse, d’avoir «autorisé personnellement» le congédiement de M. Robert, qui était depuis longtemps à l’emploi du ministère de l’Agriculture. Or, un ministre n’a pas le pouvoir de congédier des fonctionnaires. Sa sortie laissait planer le doute sur une possible ingérence politique, destinée à satisfaire des intérêts privés.

Expert dans le secteur des grains, Louis Robert avait dénoncé l’ingérence du secteur privé dans les recherches effectuées sur l’usage des pesticides par le Centre de recherche sur les grains (CÉROM), financé par l’État québécois. Il a été limogé le 24 janvier pour avoir transmis un document confidentiel à un journaliste, ainsi que pour avoir contrevenu à ses obligations de discrétion, selon la lettre de congédiement rendue publique.

Selon l’agronome réputé Louis Robert, qui conteste son congédiement, les chercheurs feraient l’objet de pressions et même d’intimidation de la part du secteur privé. Le président du conseil d’administration du CÉROM, Christian Overbeek, est aussi président des Producteurs de grains du Québec. Il siège sur le conseil d’administration de l’organisme depuis 2006.

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