Maisons des vétérans et shoebox : l’arrondissement resserre la réglementation
Afin de protéger le patrimoine urbain et d’assurer un meilleur contrôle sur la démolition des maisons des vétérans et de type shoebox, l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a adopté, lors du dernier conseil, une modification à son règlement sur l’urbanisme.
Cette modification oblige les projets à se soumettre à un comité de démolition, qui inclue dorénavant les maisons unifamiliales. L’objectif est «d’assurer l’évaluation de certains projets», dans l’optique de contrôler le type de construction pour conserver l’aspect visuel des nouvelles constructions. Il y a 798 maisons unifamiliales dans l’arrondissement. Depuis 2012, une quarantaine de maisons de type shoebox ont été démolies, selon l’arrondissement.
Une pétition signée par des résidents de maisons des vétérans de l’avenue Haig avait été présentée à l’arrondissement l’année passée. Contrairement à l’arrondissement Rosemont qui a clairement protégé l’avenir de ce type de maison à valeur historique, les élus de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont plutôt opté pour la modification du règlement déjà existant sur la démolition des bâtiments afin d’y inclure les unifamiliales.
Propriétaire d’une maison des vétérans de l’avenue Haig, Victor Larivière s’est mobilisé, avec des voisins, afin de «garder le cachet» de leur rue. C’est une nouvelle construction à deux étages qui a démarré les procédures, le voisinage étant mécontent de la hauteur qui modifiait leur vue et brimait leur intimité. Il est, avec sa voisine Doris Lapierre, le fondateur du Comité de protection des maisons de vétérans de l’avenue Haig.
Saveur historique
L’historienne en architecture Diane Archambault-Malouin s’est penchée sur la question des maisons des vétérans dans le passé. Ces maisons dites de style cape cod ont été construites dans les années 1940 afin de loger les ouvriers des usines de guerre.
«C’est une maison très simple, rectangulaire, d’un étage et demie. Il y a un toit en pente à deux eaux, avec en général une avancée qui fait un petit porche au-dessus de la porte d’entrée.»
— Diane Archambault-Malouin, historienne en architecture
Construites en série, rapidement et en pièces préfabriquées, elles étaient installées sur une base temporaire pour loger les ouvriers et leurs familles. Ce n’est qu’après la guerre que certains y ont creusé une fondation et coulé du béton afin de les rendre permanentes. D’autres maisons du même type ont été construites afin de loger les vétérans, d’où leur surnom.
Les maisons de type shoebox sont plus anciennes et datent du début du 20e siècle. Elles ont aussi leurs particularités architecturales. Elles sont petites, sur un seul étage et à toit plat. Certaines se démarquent en étant construites en fond de terrain.
Garder l’œil ouvert
Victor Larivière et Doris Lapierre ne tiennent pas leur combat pour acquis. «Quand il va y avoir des avis de démolition, il va falloir, en tant que citoyen, qu’on ouvre l’œil et qu’on s’informe auprès du comité d’urbanisme», explique M. Larivière. Ils ont obtenu de l’arrondissement la possibilité d’avoir une présence éventuelle auprès du comité d’urbanisme lorsque celui-ci sera reformé, dans deux ans.
L’historienne Diane Archambault-Malouin souligne la difficulté de protéger le patrimoine plus moderne. «Comme c’est une architecture modeste, les gens pensent que ça n’a pas de valeur», dit-elle. Les propriétaires comme M. Larivière et Mme Lapierre soutiennent que ces petites maisons de ville sont recherchées, dans leur arrondissement, par les familles. Elles leur offrent une meilleure qualité de vie, et sont plus abordables que les bâtiments plus volumineux.
La volonté du comité est de conserver la notion de quartier ouvrier populaire.