Manque de logements: un registre des loyers montréalais réclamé
Des organismes de défense des droits des locataires demandent à la Ville de Montréal de créer un registre des données sur l’habitation afin d’éviter que des propriétaires profitent de la rareté des logements pour faire grimper de façon «abusive» le prix de location de leurs appartements.
«Ça permettrait aux locataires qui comptent emménager dans un nouveau logement de connaître le prix que les gens payent actuellement. Le propriétaire serait alors réticent à augmenter le prix du loyer», a récemment affirmé à Métro le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Maxime Roy-Allard.
Le programme de Projet Montréal, adopté par ses membres en 2017, proposait d’«étudier la création d’un registre de données sur l’habitation qui comprendrait le prix des loyers, les plaintes et suivis en matière de salubrité, le nombre de chambres à coucher, le compte de taxes foncières, ainsi que les plaintes et suivis à la Régie du logement». Une proposition qui ne s’est toutefois pas retrouvée dans la plateforme électorale du parti, où ses promesses sont détaillées.
Pourquoi ce point n’a-t-il pas été inclus dans la plateforme du parti? «Parce qu’il a fallu faire des choix», a répondu l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy.
L’an dernier, le taux d’inoccupation des logements a atteint 2%. En 2017, il était d’environ 3%, ce qui est considéré comme le seuil d’équilibre. Un resserrement du parc locatif disponible incite plusieurs propriétaires à gonfler le prix de leurs loyers et pourrait mener des personnes à la rue le 1er juillet, préviennent deux organismes de défense des droits des locataires de la métropole.
«Quand le taux d’inoccupation est très bas, beaucoup de locataires vivent des craintes quant à leur déménagement. On est dans une situation d’inégalité dans le rapport de force. Et ça entraîne des hausse de loyers très fortes», a affirmé le responsable des dossiers politiques au Comité logement de la Petite-Patrie, Martin Blanchard.
Ce dernier craint d’ailleurs qu’une crise du logement, à l’instar de celle vécue au début des années 2000, ne frappe de nouveau la métropole. Pendant deux ans, moins de 1% des logements avaient été disponibles à Montréal.
«Les familles ont tendance à s’entasser dans des logements trop petits pour la taille de leur ménage et il y a des familles qui quittent en dehors de Montréal ou dans d’autres quartiers parce que les loyers sont trop chers», a commenté le coordonnateur du Comité logement Ville-Marie, Éric Michaud.
Selon ce dernier, la création d’un registre de l’ensemble des loyers à Montréal, qui serait accessible en ligne, aiderait à contrer «les hausses abusives» du prix du loyer qu’imposent certains propriétaires profitant des périodes de déménagement pour réaliser celles-ci sans que les nouveaux locataires puissent en prendre connaissance.
«On sait que les propriétaires ont tendance à augmenter les prix lorsqu’il y a un changement de locataires. Quand les locataires partent, les propriétaires en profitent souvent», a affirmé M. Michaud.
En 2017, une plateforme a été mise en ligne à l’initiative d’un citoyen afin que des locataires puissent, sur une base volontaire, indiquer le prix qu’ils paient mensuellement pour leur chambre ou leur appartement. Aucune vérification de l’information n’est toutefois effectuée, la plateforme ne donnant d’ailleurs des renseignements que sur un certain nombre de logements.
«Si c’est sur une base volontaire, n’importe qui va pouvoir écrire n’importe quoi sur un site web. Le juge ne prendra jamais ça en compte», a fait valoir M. Blanchard en référence aux contestations de la hausse du prix du loyer qui peuvent être effectuées auprès de la Régie du logement.
«La Ville de Montréal poursuit sa réflexion sur ce dossier», a pour sa part indiqué la relationniste Audrey Gauthier, quant à la possibilité de créer un registre de données sur l’habitation à Montréal. Relancée par Métro, elle a toutefois indiqué qu’il était «prématuré» de détailler la forme que prendrait celui-ci.
Trouver un logement
L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui reconnaît l’existence d’un «resserrement du parc locatif», note que les logements familiaux sont particulièrement touchés. «Ce sont eux qui manquent le plus», a expliqué son directeur des communications, Mathieu Vachon.
Dans la situation actuelle, l’OMHM recommande aux locataires de s’assurer d’avoir trouvé un autre logement avant de résilier leur bail.
«Sinon, ça peut les mettre dans une situation précaire, particulièrement s’ils cherchent de grands logements ou s’ils sont à faible revenu», a ajouté M. Vachon.
«C’est bien de dire aux gens de ne pas déménager pour rien, mais il ne faut pas oublier que des gens se font reprendre leur logement par le propriétaire ou se font mettre dehors parce qu’ils ne sont plus capables de payer le loyer. Ces gens-là n’ont pas le loisir de rester dans leur logement», a rétorqué Maxime Roy-Allard.
Martin Blanchard a par ailleurs remarqué que plusieurs résidants du quartier La Petite-Patrie avaient décidé dans les dernières années de déménager dans les municipalités de banlieue du Grand Montréal, n’étant plus en mesure de se trouver un appartement «bon marché» à Montréal.
La métropole a d’ailleurs enregistré entre 2017 et 2018 une perte nette de 24 000 résidents au profit de la banlieue, selon des données de l’Institut de la statistique du Québec publiées le mois dernier.
Vous êtes locataire et pensez déménager? Bon à savoir : les logements disponibles à Montréal sont plus rares cette année.
Découvrez les ressources qui s'offrent à vous : https://t.co/5vAgP9yn7D@HabitationSHQ pic.twitter.com/rRahM35KlP
— Ville de Montréal (@MTL_Ville) March 14, 2019