REER : jamais trop tard pour bien faire
Quel est le meilleur moment pour cotiser? Si les stratégies diffèrent plus on avance en âge, il reste «qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à épargner», souligne Christiane Van Bolhuis, conseillère financière et représentante en épargne collective à la Financière Sunlife.
Jusqu’à présent, vous n’avez que peu, voire pas pensé à votre retraite. Le temps vous rattrape et vient un âge où on n’échappe plus à la question. Face à l’angoisse du bas de laine vide, les stratégies existent.
À 35 ans, Nicolas commence tout juste à s’interroger sur sa retraite. Tout comme la majorité des Québécois dans sa situation. Avec un emploi stable depuis quatre ans rémunéré à hauteur de 40 000 $, il vit confortablement. Jusqu’à l’arrivée de son enfant, voilà neuf mois, planifier sa retraite était aux antipodes de ses intérêts. Pas de dettes, mais aucune économie, un loyer avoisinant les 1 000 $, des dépenses raisonnablement gérées, mais sans trop de contraintes : Nicolas et sa conjointe, dont le revenu est semblable, visualisaient mal le très long terme. Responsabilités familiales obligent, la donne change et voilà le ménage en quête de solutions d’épargne.
Pour Christiane Van Bolhuis, conseillère financière et représentante en épargne collective à la Financière Sunlife, le couple accuse un certain retard, «mais il n’est jamais trop tard pour commencer à épargner, assure-t-elle. Peu, c’est toujours mieux que rien du tout.»
La première étape pour corriger le tir est de s’asseoir avec son conseiller ou planificateur. Pour être efficaces, les stratégies doivent être établies en fonction des objectifs propres à chacun. Les «produits tablette» sont à proscrire, croit-elle, et les solutions individualisées sont à encourager.
À Nicolas, elle suggérerait de «prioriser les régimes ou types de comptes offrant un avantage fiscal. En matière de retraite, on pense souvent au fameux REER (régime enregistré d’épargne – retraite). Ici, je n’écarterais pas la solution du CELI (compte d’épargne libre d’impôt).» Contrairement au premier, celui-ci ne procure pas de déduction fiscale. Par contre, les sommes retirées ne sont pas imposées, alors que c’est le cas pour un REER. En cas de besoin imprévu de liquidités, Nicolas pourrait puiser dans son CELI sans pénalité.
Attirés par la déduction fiscale, «les gens font l’erreur de cotiser au maximum dans un REER». Quand un pépin survient, ils se retrouvent pénalisés en retirant de l’argent de ce fonds, alors imposé. «Conjuguer REER et CELI permet de tirer avantage des deux régimes, croit Christiane Van Bolhuis. Le REER pour son remboursement d’impôt, le CELI pour l’argent qu’on y fait fructifier à l’abri de l’impôt», et qui n’est pas taxé lors du retrait. «À la fin de l’année, on peut transférer nos économies du CELI vers le REER, pour optimiser la déduction fiscale.»
Une telle combinaison ne constitue pas l’unique solution, rappelle notre conseillère. Célibataire ou en couple, avec ou sans enfant, salarié ou travailleur autonome – autant de facteurs à considérer.
D’après Christine Van Bolhuis, aucune étude ne conclut qu’un âge en particulier soit synonyme d’irréversibilité. Cela dit, «le temps peut être notre meilleur ami, si l’on commence de bonne heure, comme notre pire ennemi si l’on s’y prend tard. Et le seuil d’âge critique a tendance à être de plus en plus bas : une population qui vit plus longtemps doit épargner pour une plus longue période.» En définitive, elle estime que, peu importe l’âge auquel on se penche sur la question, «il ne faut pas jouer à l’autruche. C’est quand on l’évite que le sujet devient stressant».