«Ça suffit!» : des milliers de manifestants contre le racisme et la violence policière
Au son des slogans «Black Lives Matter» et «Ça suffit!», des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Montréal, dimanche, contre le racisme et les violences policières à l’endroit des communautés noires.
Rassemblée aux alentours de 17h à proximité du quartier général du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la foule compacte et diversifiée a défilé dans le calme au centre-ville pendant près de deux heures avant de terminer sa route à la Place du Canada.
En soirée, un petit groupe de manifestants est toutefois retourné à proximité du quartier général du SPVM.
Les policiers ont alors fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la manifestation, déclarée illégale.
Des vitrines de magasins ont également été fracassées.
À 22h30 dimanche, le SPVM n’était pas en mesure de fournir un bilan des incidents.
Mobilisation
La manifestation a eu lieu dans la foulée de la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans décédé lundi dernier après qu’un policier blanc de Minneapolis, au Minnesota, l’ait immobilisé au sol pendant plus plusieurs minutes en plaçant son genou sur son cou.
«On est là pour les ouvrir les yeux des gens sur ce qui se passe non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada et à Montréal, a lancé aux manifestants Marie-Livia Beaugé, l’une des organisatrices de la marche.
«On est fatigué de parler depuis des décennies de violence, de racisme systémique et de brutalité policière. Ça suffit! Nous avons lutté dans le passé, nous luttons aujourd’hui et nous allons continuer à nous battre.»
Plusieurs manifestants affichaient des pancartes où on pouvait lire les noms d’Alain Magloire, Bony Jean-Pierre, Pierre Corolian ou Nicholas Gibb, des Noirs décédés ces dernières années pendant des interventions du SPVM.
«Nous sommes en colère parce que personne ne mérite ce genre de traitements dans notre société. Assez, c’est assez, il faut que ça cesse», a fait valoir dans un discours Vincent Mousseau, travailleur social.
«Solidarité»
Pour plusieurs manifestants rencontrés par Métro, la vidéo montrant la mort de George Floyd a suscité une grande indignation et les a encouragés à participer à la marche.
«Je suis ici en solidarité avec ce qui s’est passé à Minneapolis, a indiqué Boubacar, 47 ans. J’ai écouté le vidéo et ça m’a mis à terre. Tout le monde est humain. Des incidents comme celui de George Floyd, c’est traiter un être humain comme un animal. Ici comme ailleurs, je me sens concerné.»
«La moindre des choses qu’on puisse faire à notre échelle, c’est d’être ici aujourd’hui pour démontrer notre opposition. C’est la première fois que je manifeste. C’est une accumulation de tout ce qu’on voit. Ça devient de plus en plus grave, de plus en plus gratuit. Faut montrer qu’on en a marre», a mentionné Ludovic.
«Ce n’est pas que la problématique des Noirs. On vit tous dans le même monde.»
Mariam, qui marchait à ses côtés, était là pour «dénoncer le racisme systémique».
«Si je suis ici aujourd’hui, c’est parce que le système approuve encore certains comportements inadmissibles, a-t-elle dit. On doit aller à la base du problème du racisme : comment on accueille nos personnes immigrantes, comment on considère les personnes qui sont différentes de nous par leur couleur, leur religion ou leurs comportements. La différence peut être une force pour tous, mais on la rejette.»
Manifester en temps de pandémie
La mobilisation a largement dépassé les attentes des organisateurs, d’autant plus qu’elle a eu lieu dans un contexte de pandémie.
La majorité des manifestants était masquée. L’organisation a distribué des couvre-visages à ceux qui n’en avaient pas, tout en rappelant régulièrement aux participants de garder une distance sécuritaire.
«On est vraiment content de voir la solidarité de toutes ces personnes», a mentionné en entrevue à Métro Marie-Livia Beaugé, qui ne s’attendait au départ qu’à quelques centaines de personnes seulement.
Les organisateurs prévoient organiser un rassemblement semblable dimanche prochain, le 7 juin.