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Santé mentale: la compétitivité du Canada en jeu

Santé mentale: la compétitivité du Canada en jeu
Photo: 123RF

«Ce qu’on vit, c’est malheureusement très grave, dit le grand patron de la Sun Life Canada, en entrevue à Métro à l’occasion de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales, qui s’est déroulée du 4 au 10 octobre. Elle a culminé le samedi 10, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.

Avant la COVID-19, on assistait déjà une crise de santé mentale au pays et avec cette deuxième vague qui risque de se poursuivre, le problème risque de s’aggraver. «C’est sérieux, affirme Jacques Goulet. Il en va de la compétitivité du Canada au niveau mondial, rien de moins. Les employés, les entreprises, les employeurs doivent être bien dans leur peau pour pouvoir continuer.».

Selon le Forum économique mondial, «d’ici 2030, les coûts mondiaux des troubles mentaux devraient atteindre 6 000 G$, dont les deux tiers seront attribués à la perte de productivité liée à l’incapacité.»

À titre de plus important assureur du Canada pour ce qui est des programmes individuels, Sun Life enregistre depuis deux ans une forte augmentation des réclamations en matière de santé mentale, indique le dirigeant, qui rappelle que 60% des Canadiens ont affirmé que la pandémie a eu un incident négatif sur leur santé mentale ces dernières années.

Le souhait de Jacques Goulet est que les dirigeants d’entreprise s’engagent à créer des milieux de travail sains et à accroître leurs investissements dans le soutien de la santé mentale au travail. Celui-ci estime «qu’il est essentiel d’agir si nous voulons surmonter la pandémie et maintenir notre compétitivité à l’échelle mondiale.»

Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale, un ensemble d’hôpitaux psychiatriques et de centres spécialisés dans le traitement des dépendances au Canada, 500 000 Canadiens se disent affectés par d’une manière ou d’une autre par des problèmes liés à leur santé mentale. Cela fait beaucoup de gens, de conjoints, d’enfants et de familles touchées.

L’incertitude, le défi sanitaire, les enjeux sociaux et économiques ainsi que l’isolement ont laissé des traces sur les personnes, déplore M. Goulet, aussi président de Lumino Santé, un réseau de ressources en santé mis en ligne il y a deux ans visant à aider les gens à trouver des ressources près de chez eux.

C’est pourquoi aujourd’hui, il lance publiquement un appel aux dirigeants de prendre soin de la santé de leurs équipes.

«C’est une question trop importante, qui doit être sur le radar des chefs d’entreprise.» -Jacques Goulet, président de la Sun Life Canada et de Lumino Santé

Les questions de santé mentale ne fait pas de discrimination, elles touchent les riches, les moins riches, les jeunes, les vieux. Tout le monde en fait, comme la COVID-19, qui n’épargne personne, rappelle M. Goulet.

Carol peut en témoigner. Cette dynamique quinquagénaire s’est effondrée il y a 10 semaines exactement, au travail, par un petit mardi tranquille. Elle s’en est prise verbalement à une collègue sans raison apparente. Celle-ci lui a doucement dit qu’elle devrait prendre une pause, qu’elle ne semblait pas bien et «que l’employeur ne te jugerait pas» et «qu’il allait comprendre». Carol a suivi son conseil. Effectivement, son employeur a compris.

Elle est en arrêt de travail «avec son plein salaire» depuis le début de  juin. Ses deux filles sont allées temporairement vivre chez papa. Celles-ci lui ont dit qu’elles ne pouvaient pas l’aider à aller mieux cette fois-ci. Car ce n’est pas son premier épisode de détresse et d’anxiété.

Dans le cas de cette employée , la goutte qui a fait débordé le vase été la pandémie. «Je voyais tout en noir, j’avais des crises de panique qui m’empêchaient même de respirer. C’était assez paniquant, en fait…»
Depuis, elle va un peu mieux. Et savoir que son employeur l’attendait fait une grande différence pour Carol. «J’ai un employeur extraordinaire», dit-elle sans vouloir le nommer.

Ne rien faire coûte aussi cher

Il est encore difficile de mettre le doigt sur les causes. Cela demande plus d’attention, des programmes de prévention. «Oui, ça va coûter cher, mais ne rien faire coûtera encore plus cher», dit Jacques Goulet qui ajoute que chez Sun Life, «on commence à mieux former nos gestionnaires, ceux qui ont des équipes sous leur charge notamment, à reconnaître les signes auprès de leurs équipes et à trouver des façons d’amorcer la discussion avec ces personnes.
D’ailleurs, en conférence de presse vendredi, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé que «sans la santé mentale, il n’y a pas de santé».

M. Goulet s’enorgueillit que Lumino Santé regroupe 150 000 professionnels dont la fiche est facilement accessible. «Notre plateforme Lumino Santé est gratuite et offerte à tous les Canadiens. Ceux-ci peuvent consulter différents types de professionnels de partout au pays.»

Certains offrent même la téléconsultation. Les frais de ces services peuvent être soit assumés par un assureur collectif ou par le participant lui-même, s’il en a les moyens.

Des ressources pour vous aider

Il est possible de s’en sortir, d’aller mieux et de reprendre courage. Le web offre plusieurs ressources, dont des témoignages de personnes qui ont repris le dessus, des conseils pour prendre soin de vous-même, surtout si vous vous sentez dépressif en raison de la pandémie.

Par le passé, Carol a été chercher de l’aide, notamment à l’Accès. Cette fois-ci, elle s’est tournée vers une approche globale, déçue de l’approche des urgences à l’égard de la maladie mentale et de l’accompagnement thérapeutique des psys qu’elle a consultés par le passé. Cette fois-ci, elle s’est tournée vers la Maison Vivre, sur la Rive-Sud. Elle entreprend sa thérapie externe le 19 octobre, à raison de quatre jours par semaine, de 9h30 à 16h00. Se remettre sur pied est un job à temps plein. C’est à suivre.

Bonne chance, Carol!

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