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Racisme au travail: enquête bâclée par Montréal, estime le CRARR

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Bienné Blémur a présenté les problèmes dans l’emploi qu’il a vécus devant la Consultation publique sur le racisme et la discrimination systémique, en compagnie de Fo Niemi, directeur général du CRARR. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une enquête du Contrôleur général de Montréal sur du racisme au travail devrait être reprise, estime le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR). La dimension raciale de diverses plaintes aurait été écartée avant même de débuter l’enquête, alors qu’elle était au coeur de l’affaire.

Bienné Blémur, un ancien employé de la Société du parc Jean-Drapeau d’origine haïtienne, a déposé trois griefs pour racisme et discrimination au travail. Il a également adressé une plainte au Conseil d’administration de son employeur et une auprès du Tribunal administratif du travail (TAT) contre son syndicat pour défaut de représentation.

On l’aurait notamment traité de «criss de n****» et rétrogradé au bénéfice d’un employé blanc.

À ce jour, deux enquêtes externes ont été menées sur l’incident, une par le parc Jean-Drapeau et une par le CGVM. Cependant, les deux rapports ont exclu la dimension raciale de ce «cas qui perdure», dénonce le CRARR. 

«Faille» révélée

Lors de l’audience du TAT tenue le 22 mai dernier sur le recours contre le syndicat, l’enquêtrice externe embauchée par la SPJD a révélé que la dimension du racisme n’avait pas été incluse dans son mandat.  

«Par conséquent, le rapport de la SPDJ, ainsi que celui du Contrôleur général qui s’en est inspiré, ont tous deux ignoré la dimension du racisme», déplore le CRARR.

C’est pourquoi le centre demande la réouverture de l’enquête du Contrôleur général de Montréal, mais que celle-ci soit confiée à un enquêteur externe et indépendant.  

Pour Bienné Blémur, il est évident que tant l’enquête interne de son employeur que celle du Contrôleur général ont été «biaisées, incomplètes et viciées». 

«Je vis en fait le racisme intentionnel au travail et ensuite, le racisme systémique dans le non-respect de mes droits et de l’entente de règlement», déclare-t-il.

Retour sur l’incident

La saga judiciaire remonte à l’été 2016. Bienné Blémur occupait alors le poste de chef gréeur des scènes au Parc Jean-Drapeau. 

Membre du syndicat IATSE (local 56) depuis 18 ans, l’homme fut retiré de son poste par le chef machiniste au profit d’un autre employé et rétrogradé au chargement et déchargement des camions, malgré son ancienneté.

La même année, Bienné Blémur fait l’objet d’insultes racistes par un collègue

Bienné Blémur dépose alors un premier grief en août 2016, lequel mène à une entente de règlement entérinée par un arbitre en juin 2017. Cette entente reconnaît que M. Blémur a été victime de «propos racistes, isolé et exclu» et que l’employeur n’a pas géré «de façon efficace, rigoureuse et adéquate» la situation.

Selon M. Blémur, l’entente n’a toutefois pas été appliquée et le syndicat a dû la faire homologuer par la Cour supérieure.

Entretemps, le syndicat attribue à «l’harceleur» de M. Blémur le poste de chef machiniste. Ce dernier devait donc travailler sous sa supervision. Or, l’entente de règlement stipule que la SPJD aurait pu s’opposer à cette nomination, ce qui n’a pas été fait.

Lorsque Bienné Blémur retourne au travail après un congé de maladie, la situation persiste. M. Blémur dépose alors un second grief pour discrimination et harcèlement racial et psychologique.

Plaintes

En novembre 2017, il adresse une plainte au Conseil d’administration de la SPJD, qui commande une enquête externe. En septembre 2018, M. Blémur reçoit le rapport d’enquête de la SPJD, largement caviardé. Celui-ci écarte complètement la dimension raciale.

Entretemps, M. Blémur quitte son travail et dépose un troisième grief pour racisme au travail. Il dépose aussi une plainte auprès TAT contre le syndicat pour défaut de représentation. 

C’est en 2018 que le CGVM lance sa propre enquête sur le cas. Toutefois, malgré la preuve, la dimension du racisme est une fois de plus écartée dans le rapport d’enquête.

Réactions

La relationniste de la Ville de Montréal, Gabrielle Fontaine-Giroux, précise que le mandat du Contrôleur général ne s’applique pas aux sociétés paramunicipales, comme la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD).

«Le Contrôleur général est uniquement intervenu en accord avec M. Blémur et la SPJD, en ce qui concerne la plainte de M. Blémur à l’effet que l’employeur tardait à mettre en application les termes du règlement entre les parties», ajoute-t-elle.

Appelée à réagir, la Société du parc Jean-Drapeau n’avait pas de commentaire à émettre à ce sujet.

Les audiences du TAT se poursuivront demain, le 23 octobre, ainsi que les 17 décembre et 27 janvier. 

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