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L’isolement social accentue l’Alzheimer

Les patients atteints d’Alzheimer ont besoin d’interaction sociale pour préserver leur autonomie. Photo: archnoi1/123RF

Si les mesures sanitaires liées à la pandémie ont un impact sur la santé mentale, c’est d’autant plus vrai pour les personnes atteintes de maladies dégénératives. En ce Mois de la sensibilisation à l’Alzheimer, force est de constater que l’isolement précipite la progression de ce trouble neurocognitif.

«L’interaction sociale est un facteur de protection, explique la directrice des programmes et services à la Société Alzheimer de Montréal, Marie Christine Le Bourdais. Ça permet de maintenir les capacités cognitives plus longtemps.»

Des rencontres fréquentes sont ordinairement encouragées pour garder le cerveau actif. «Moins de sollicitation sociale, un milieu moins riche, qui stimule moins, va avoir des conséquences parce que la personne n’utilise plus ses ressources», expose quant à lui Benjamin Boller, professeur au département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Il est impossible de ralentir la progression de la maladie dans le cerveau, prévient-il. Et on observe la progression par l’expression des symptômes beaucoup plus que par l’avancement de la pathologie.

«Ce sont deux choses différentes, explique le chercheur. Toute la stratégie aujourd’hui en termes de traitement est basée avant tout pour que les problèmes de mémoire aient moins de répercussions dans la vie quotidienne.»

L’idée est donc de permettre à la personne de rester le plus automne possible jusqu’au stade le plus ultime. «Le cerveau est fait d’une telle façon que, lorsqu’il n’utilise pas ses ressources, il a tendance à ne pas les garder, ajoute M. Boller. On a besoin d’entretenir notre cerveau pour qu’il continue à fonctionner. Si on le met sur pause, ses capacités diminuent.»

Bien qu’on associe souvent l’Alzheimer à la perte de mémoire, ce n’est qu’un symptôme parmi une dizaine d’autres.

Parmi les autres manifestations, on note la difficulté à faire une tâche familière comme suivre une recette, le trouble de langage, la désorientation dans le temps et l’espace, le manque de jugement, l’incompréhension de notions abstraites, le changement d’humeur ainsi que l’apathie.

«Dépendamment de la région du cerveau qui est atteinte, les symptômes vont varier», précise Mme Le Bourdais.

Ils peuvent aussi changer au fil du temps et selon chaque personne.

Clientèle marginalisée

Certains aînés subissent déjà de l’âgisme. Avec les consignes de sécurité à suivre à la lettre, il est possible que les personnes atteintes d’Alzheimer sentent qu’on les traite comme des enfants.

«Même en temps normal, il y a beaucoup d’infantilisation. Le fait d’être contrôlé, supervisé, ça en rajoute, souligne Mme Le Bourdais, spécialiste en gérontologie. L’âgisme n’est pas parti avec la pandémie ni la stigmatisation des personnes atteintes, parce qu’on ne comprend pas la maladie.»

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