Les rêves, chant de l’inconscient
Plutôt que de se lancer dans la fabrication artisanale d’un centième pain, certains ont choisi de suivre l’hypnothérapeute Albert Bissada dans un voyage au plus profond de leur inconscient. Pour ce dernier, le langage oublié des rêves doit être réappris.
«Plus que jamais on a besoin de rencontrer ce qui est vivant en nous, ce qui nous donne un sentiment d’aspiration», affirme Albert Bissada d’entrée de jeu.
Lorsqu’il dirige ses ateliers d’interprétation de rêves, Albert Bissada encourage les participants à se fier aux signaux de leur inconscient pour se réapproprier leur réalité. Profondément influencé par l’approche symbolique du penseur Carl Jung, M. Bissada a la ferme conviction que les rêves permettent d’accéder aux parties les plus lumineuses de soi.
«C’est comme si la personne que l’on peut devenir existe quelque part en nous: elle nous donne des indices. Et ça, ce n’est jamais menacé par les circonstances difficiles. Le regard du rêve est plus large que la vision de l’attitude consciente».
Les rêves sont comme la lampe de poche qui guide l’aventurier en forêt: ils illuminent le passage d’une vie. En période de pandémie, nombreux sont à la recherche de cette lumière selon lui.
«En ce moment, tout le monde est troublé, mais le vrai désespoir vient quand on attend de l’aide de l’extérieur. En suivant nos rêves, on reprend contact avec une sagesse intérieure et un sentiment de réalisation. C’est le chant de notre inconscient».
Guide d’interprétation
Les rêves peuvent être difficiles à interpréter puisqu’ils se détachent de l’attitude consciente. Comme lorsqu’on admire une peinture, l’esprit doit voyager librement sans analyser toutes les composantes de l’œuvre. «C’est préférable de ne pas sauter directement sur la compréhension, mais plutôt, assimiler le sentiment qui s’en dégage»
En quelques étapes, chacun peut se lancer à la découverte de son for intérieur selon M. Bissada.
Tout d’abord, les intéressés sont invités à prolonger de quelques minutes la période avant de dormir, et celle après le réveil. Durant ces brefs instants, les rêveurs sont encouragés à se centrer sur eux-mêmes, mais aussi, à pratiquer l’autosuggestion: se dire qu’ils vont rêver et se rappeler de leurs rêves.
Au réveil, des notes doivent être prises dans un carnet. Des fragments de rêve, des songes, des impressions, peu importe. «On note ce qu’on a dans l’esprit ou sur le cœur, ces pensées sont le parfum des rêves». Les humains rêvent en moyenne 5-6 fois par nuit et les rêveurs amateurs se souviennent, règle générale, d’un ou deux d’entre eux.
Vient alors la dernière étape, celle de l’interprétation. Plusieurs avenues peuvent être empruntées dont celle de la manipulation sémantique.
«On peut souligner les noms communs, et à côté, faire une colonne avec les associations qui nous viennent. En remplaçant ces noms par les associations, le rêve vient parfois à se révéler à nous», explique M. Bissada.
Le rêveur doit se concentrer sur la sensation globale. Quelle atmosphère se dégage du rêve? Y a-t-il eu une évolution émotionnelle à l’intérieur de celui-ci? Est-ce que ce sentiment peut s’apparenter à une situation parallèle, c’est-à-dire à un sentiment similaire de la réalité?
«Chaque élément reflète une partie du rêveur, rien n’est futile. Le mouvement du rêve peut montrer une solution à un problème réel à travers la métaphore».
Puisque l’attitude consciente est pleine de malentendus par rapport à soi-même, l’hypnothérapeute conseille finalement aux gens de suivre leur intuition. C’est entre autres à travers cette dernière que les rêves façonneraient la prise de décisions des êtres humains. «Plusieurs réponses de la vie, conclut-il, se trouvent déjà à quelque part en nous».