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Le retour du social, un défi post-pandémie

Le retour du social, un défi post-pandémie
Certains enfants reviendront sans problème à une vie sociale normale, mais l’impact sur d’autres pourrait durer beaucoup plus longtemps. Photo: Mandy Godbehear/123rf

Pour bien des gens, les interactions en personne ont pratiquement cessé depuis le début de la crise sanitaire mondiale. Mais cela changera bien un jour, grâce notamment aux vaccins, à la saisonnalité du virus, à l’amélioration des traitements et à d’autres facteurs. Alors qu’une troisième vague commence au Québec, Métro s’est intéressé aux embûches qui se dresseront devant nous lorsque le «présentiel» redeviendra la norme.

La pandémie a changé le monde, alors que des mesures de confinement imposées dans de nombreux pays ont isolé des millions de personnes. La socialisation est maintenant un défi et, dans une ère post-COVID-19, nous devrons nous assurer que nos interactions n’augmentent pas le risque d’une contagion de masse, selon des experts.

«Certains suggèrent que l’on devrait avoir un passeport vaccinal ou un dépistage combiné au traçage par téléphones cellulaires», explique Anjana Susarla, professeure en intelligence artificielle à l’Université d’État du Michigan, aux États-Unis.

«Les conséquences personnelles d’avoir traversé une pandémie ne devrait pas être sous-estimées et il est important de reconnaître que l’expérience de chacun est unique.» – Anjana Susarla, professeure en intelligence artificielle à l’Université d’État du Michigan

Un peu plus d’un an après le début de la pandémie, un des principaux soucis concernant la «nouvelle normalité» est l’impact que le confinement a eu sur la population. De nombreuses études documentent l’augmentation de l’anxiété et les impacts sur la santé mentale.


Quatre questions à…

Anjana Susarla, professeure en intelligence artificielle à l’Université d’État du Michigan

Comment améliorer ses compétences sociales à l’approche de l’ère post-COVID-19?

La socialisation à l’ère post-COVID-19 est une question de trouver l’équilibre entre les habitudes qu’on a développées pendant le confinement et les aspects positifs qui informeront le nouveau paradigme. Ça veut dire qu’on ne devrait pas attendre une autre pandémie avant de prendre des nouvelles de nos proches. À l’ère du numérique, paradoxalement, la solitude est l’un des problèmes de santé mentale les plus pressants. Nous sommes tous interconnectés, mais en même temps on se sent si seul. Il est donc primordial de continuer à prendre des nouvelles des autres, même lorsque nos vies reviendront à la normale.

Le confinement et les restrictions liées à la pandémie devraient amener les gens à embrasser une ère post-COVID-19 où les libertés que nous tenions pour acquis sont de nouveau accessibles. Que ce soit pour un événement sportif, un concert ou un mariage, la pandémie nous a appris que ce que nous apprécions vraiment, c’est de vivre une expérience avec d’autres personnes. Il est donc important de ne pas tenir pour acquis la valeur des interactions sociales, dans la vraie vie, avec une grande variété de personnes.

Parlez-nous davantage des conséquences du confinement.

L’isolement affecte les gens de différentes façons. Certaines personnes prospèrent dans de telles conditions de confinement, ils peuvent canaliser leurs efforts et leurs énergies d’une façon qui leur était impossible lorsque la vie était plus variable.

Mais d’autres ont subi des impacts psychologiques et émotionnels beaucoup plus importants.

Toutefois, il y a des côtés positifs au confinement. Ça nous amène à apprécier la valeur de la présence des autres à l’intérieur d’un même espace. Alors que la technologie et les appareils sont maintenant omniprésents et nous donnent une apparence de connectivité, la capacité d’apprécier les micro-interactions d’un contact visuel, du langage corporel et de l’espace partagé demeure essentielle à l’être humain.

La technologie peut faciliter la connexion et l’engagement, mais elle ne peut pas remplacer l’entièreté de l’expérience offerte par le fait d’être dans la même pièce que quelqu’un d’autre.

Comment le confinement affecte-t-il les enfants?

L’expérience des enfants à travers cette pandémie est importante à considérer. Pour de nombreux élèves, les étapes normales du développement ont été suspendues pendant une année complète, voire plus.

La façon dont ces élèves interagissent avec leurs pairs dans la cour d’école, le fait d’apprendre de leurs erreurs, de leurs jeux et de l’engagement avec autrui, tout ça a été déplacé sur internet. Par le fait même, l’environnement contrôlé de l’écran a quelque peu limité la capacité des enfants de se développer en observant leurs pairs et en interagissant avec eux.

D’un autre côté, de nombreux enfants ont aussi développé leurs habiletés numériques en accéléré, par la force des choses.

Les sessions sur Zoom, le partage d’informations sur internet, les liens tissés avec des amis par le biais de médias sociaux utilisés correctement, la capacité à trouver moyen de se distraire à la maison, tout ça découle des nécessités de la vie en confinement. Les parents doivent reconnaître, que lorsque les enfants retrouveront une vie normale (école, amis, sports, etc.), certains d’entre eux pourraient se sentir submergés par des situations pourtant banales alors que d’autres réintégreront leur vie sociale avec vigueur et entrain. Les parents devraient maintenir un dialogue avec leurs enfants et le corps enseignant (ou la garderie) pour les aider à retrouver un sentiment de normalité.

Comment retrouver une vie sociale normale?

Il est important de reconnaître que chacun sortira de son isolement à son propre rythme. Certains auront entièrement adapté leurs comportements ou réalisé que la distance par rapport aux autres leur a été bénéfique. Il faut comprendre que certains se sentiront envahis par des situations toutes simples, comme le fait de se trouver dans un magasin achalandé ou d’être à se rendre à une multitude d’événements sociaux. Si certains ont hâte de revenir à une vie sociale normale aussi rapidement que possible, d’autres auront bien apprécié les périodes de solitude imposée. Que l’on soit introverti ou extroverti, la resocialisation post-pandémie sera très personnelle et individuelle.

Selon des experts, dans un monde post-COVID-19, il sera important de comprendre que certaines personnes pourraient se sentir anxieuses par des situations simples comme de se trouver dans un magasin achalandé ou d’être obligé de se rendre à une variété d’événements sociaux.


Des conseils pour la socialisation en ligne

  1. Vous n’êtes pas obligé de participer à un appel vidéo si vous n’en avez pas envie. Si vos proches veulent prendre de vos nouvelles, vous pouvez leur demander de faire ça par téléphone.
  2. Soyez attentifs à vos émotions négatives lorsque vous passez beaucoup de temps devant un écran. Si les stories affichées sur Instagram par des gens qui ne sont pas confinés vous donnent le sentiment de manquer quelque chose (le <@Ri>fear of missing out<@$p>), fermez votre écran.
  3. Mettez de côté les écrans lorsque c’est possible. Les occasions de le faire peuvent être limitées dans les circonstances actuelles. Si vous prenez le temps de faire de l’exercice ou simplement faire une pause, demandez-vous si vous n’avez pas simplement mis de côté un écran de travail pour regarder un écran personnel, sans prendre de pause entre les deux.
  4. Le temps d’écran n’est pas nécessairement mauvais. Mais lorsque l’équilibre entre une utilisation seine et malsaine des écrans n’est pas atteint, il faut adopter des stratégies pour régler ce problème. C’est comme quand on se permet un peu d’alcool la fin de semaine, il n’y a pas de mal à faire défiler l’écran de son téléphone sans but précis si ça vous permet de décanter un peu.
  5. Ne vous promenez pas avec le menton sur la poitrine et les yeux sur le téléphone si vous êtes sur un trottoir achalandé (oui, ça existe encore!).

Source : Karl Sebire, chercheur à l’Université de Nouvelle-Angleterre, en Australie

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