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Racisme systémique: 1000 griefs déposés contre un centre de santé

L'hôpital Notre-Dame
Photo: Josie Desmarais/Métro

Des écarts salariaux reliés à de la discrimination systémique sont constatés au CIUSSS Centre-Sud de Montréal (CCSMTL) par le syndicat en place. Pas moins de 1000 griefs ont été déposés à la direction de l’établissement pour dénoncer la situation.

Ce sont surtout les femmes noires qui seraient victimes de ce racisme systémique, indique le syndicat. Elles seraient «surreprésentées» dans les postes de préposées aux bénéficiaires et d’auxiliaires aux services de santé, ce qui laisse entrevoir au syndicat qu’elles seraient victimes de racisme systémique.

«Sciemment ou non, l’État employeur profite d’une prime à l’inégalité sociale envers les femmes noires, estime le président du syndicat, Alain Croteau. La ghettoïsation d’un titre d’emploi repose sur une inadéquation entre les tâches demandées, les compétences exigées et le salaire offert.»

Dans les griefs déposés, les effets préjudiciables du système à l’embauche, des promotions et des affections sont dénoncés. «Une évaluation systémique complète» est réclamée, de même que des «mesures de redressements». À plus grande échelle, le syndicat demande à Québec de se doter d’une «véritable loi contre la discrimination systémique intersectionnelle en emploi».

«Aucune discrimination»

De son côté, le CCSMTL assure ne faire preuve d’aucune discrimination systémique face à son personnel. En août, le centre a adopté une charte d’engagement sur l’inclusion, qui régit la gestion de son personnel en matière d’inclusion, de diversité sexuelle et de genre.

«Le CCSMTL croit fermement à l’inclusion de tous, dans tous les titres d’emploi, et ce peu importe leur différence, réagit le conseiller aux relations médias Jean-Nicolas Aubé en entrevue avec Métro. Dans un contexte de pandémie, plus que jamais, nous avons besoin de tous, peu importe le sexe ou l’origine ethnique, pour nous aider à faire face aux besoins grandissants.»

L’ethnie n’est pas un critère d’embauche au CIUSS, assure-t-on, puisqu’aucune donnée sur l’origine des appliquants n’est retenue ni comptabilisée à l’embauche. «Un candidat, peu importe son origine ethnique, passera à travers le même processus d’embauche au sein du CCSMTL», assure M. Aubé.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) est en partenariat avec le CCSMTL depuis plusieurs années, offrant notamment des formations en matière d’égalité à l’emploi à certains membres de ses équipes de dotation. «La CDPDJ ne fait aucune mention, dans ses travaux à notre sujet de représentation des femmes noires», partage M. Aubé.

Le CCSMTL possède une entente avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) dont l’objectif est de faciliter l’embauche de professionnels qualifiés et spécialisés issus de l’immigration.

Problème répandu

Le CCSMTL applique la règlementation en vigueur du ministère de la Santé et des Services sociaux dans tous les établissements de la province. D’ailleurs, ce n’est pas que dans ce centre, mais bien à l’échelle du réseau de santé que l’on trouve du racisme systémique, rappelle le directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi.

«Peut-être qu’il n’y a pas de volonté réelle de discriminer, mais avec la manière dont le système fonctionne, au fil des ans, un nombre important de femmes de couleur se trouvent dans des postes moins rémunérés, comme celui de préposée aux bénéficiaires», indique M. Niemi en entrevue avec Métro.

Selon lui, cette réalité est d’autant plus présente à Montréal, où les minorités visibles occupent une place plus importante dans le réseau de santé. Il qualifie d’«historique dans la lutte à la discrimination» le dépôt des 1000 griefs.

«Il n’y avait pas d’autre recours pour le syndicat, parce que les employés sont régis par une convention collective. En cas de discrimination, c’est la seule façon de faire, et de prendre le taureau par les cornes de cette façon, c’est vraiment quelque chose», commente-t-il.

La notion de racisme systémique n’est pas reconnue par la CAQ. Dans son rapport relatif au décès de Joyce Echaquan, la coroner Géhane Kamel recommande au gouvernement de reconnaître ce principe.

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