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La fraude se nourrit de la naïveté et de l'insouciance

Appelons ça un (autre) paradoxe typiquement québécois. Lorsqu’il est question de faire un don en ligne, les Québécois y vont souvent les yeux fermés. Mais ils demeurent, de tous les Canadiens, ceux qui craignent le plus d’être victimes d’arnaqueurs. Sommes-nous naïfs ou méfiants? On peut se poser la question en ce mois consacré à la prévention de la fraude.

Qui n’a jamais été victime d’une fraude, même petite? La lointaine connaissance qui se fait extorquer trois dollars par quelqu’un qui dit vouloir acheter un billet de métro ou les victimes qui laissent des millions à de beaux parleurs comme Earl Jones ont toutes quelque chose en commun : elles abaissent leur garde alors qu’elles devraient au moins poser quelques questions.

Les fraudes sont vieilles comme le monde. L’homme de Néandertal qui soutirait une côte de mammouth à son voisin chasseur en grognant qu’il allait lui en redonner deux était un fraudeur. Il y a bientôt cent ans, un vrai pro de l’escroquerie, Victor Lustig, a réussi à vendre pas une fois, mais bien deux fois la tour Eiffel à de riches benêts.

Au moins, ces pigeons consentants rencontraient leur fraudeur face à face. La cyberfraude vient de changer la donne, et beaucoup de gens se laissent prendre par des manigances sur l’internet.

On se surprend toujours à recevoir encore et toujours ces courriels larmoyants d’une nièce d’un ministre africain assassiné qui vous supplie d’être son faire-valoir bancaire pour un transfert de millions de dollars en échange d’une commission de 25 %… Invraisemblable! Et pourtant, des gens continuent de mordre à l’hameçon en donnant jusqu’à leur NIP pour faciliter l’opération.

C’est gros et c’est rare. Mais on doit comprendre que l’internet est devenu la place d’affaires préférée des fraudeurs.

L’avis urgent qui vous implore par courriel de vérifier les coordonnées de votre compte bancaire n’est rien d’autre qu’une tentative de fraude. Jamais, mais jamais, les banques, ou les caisses, ou toute autre institution financière digne de ce nom ne vont vous demander des détails par courriel.

Faut-il pour autant délaisser tout commerce électronique? Les Québécois semblent le penser puisqu’ils sont parmi les plus réticents à placer des commandes en ligne. Mais il suffit d’être vigilant.

Oui, il est risqué de raconter sa vie sur Facebook, genre : «Je pars en voyage pour deux semaines, voici mon adresse.» Les bavards cherchent les problèmes. Sachez que les malintentionnés se régalent des détails, surtout si votre mot de passe a été imprudemment transmis à tout le voisinage. Mais l’essentiel des commerces avec qui vous avez le goût de faire des affaires ont des barrières de sécurité qui découragent les fraudeurs. Il faut cependant s’assurer de leur légitimité.

Dans le cadre d’un récent sondage réalisé pour TD Canada Trust, on y allait des conseils suivants pour se protéger des cybercriminels : s’assurer que ses logiciels de sécurité sont fonctionnels et à jour; configurer ses comptes de médias sociaux avec de véritables mots de passe (et non pas 1-2-3-4, par exemple); activer la fonction verrouillage de son téléphone mobile avec mot de passe; ne pas envoyer de données bancaires personnelles par courriel.

On pourrait en ajouter des dizaines, mais il ne faut pas non plus devenir paranoïaque… L’internet demeure un merveilleux outil lorsqu’on s’en sert intelligemment. Et rappelez-vous que les pigeons les plus pathétiques sont ceux qui ne demandent qu’à être plumés.


Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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