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La richesse est dans l'oil de celui qui regarde

Le Québec est pauvre, selon certains. Non, son niveau de vie est tout à fait comparable et même meilleur que celui de bien de ses voisins, disent d’autres. Qui a raison?

Et pourquoi pas les deux?

Dans ce cas-ci, c’est vraiment une question de point de vue. Tout dépend des indicateurs qu’on décide de retenir. Il y a les revenus individuels, puis la richesse collective, mais aussi le cadre de vie général et les avantages dont on peut bénéficier. C’est ce qui permet au bout du compte de déterminer l’état de santé globale d’une économie. Et à cet égard, même s’il traîne parfois de la patte, le Québec ne s’en tire pas si mal.

C’est la conclusion à laquelle en arrivent deux experts réputés, Luc Godbout et Marcelin Joanis, tous deux professeurs à l’Université de Sherbrooke, le premier en fiscalité, le deuxième en économie. Ils signent le premier chapitre de l’ouvrage collectif Le Québec économique 2011, sous les auspices du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Ce livre est une véritable bible pour quiconque veut comprendre l’économie du Québec d’aujourd’hui : s’y retrouvent autant les revenus des commissions scolaires que l’âge auquel les Québécoises ont des enfants, le temps moyen d’attente pour une chirurgie, les dépenses en R-D et bien d’autres renseignements. Bref, on y présente les informations de base ainsi qu’une vue d’ensemble, comme ce volet qui porte sur toutes les régions du Québec.

Reste que le premier chapitre est particulièrement instructif. Au départ, le PIB du Québec par habitant, c’est-à-dire la valeur de toute la production des biens et des services divisée par la population, demeure très modeste. C’est ce qu’on entend souvent par richesse collective. La nôtre est faible si nous nous comparons aux membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le Québec se retrouve sous la moyenne, derrière l’Italie et tout juste devant la Grèce. Considéré dans son ensemble, le Canada fait beaucoup mieux.

Mais ce seul indice est contesté parce qu’incomplet. La classe moyenne américaine vit des moments difficiles, des milliers de ménages perdent leur maison tous les jours, et pourtant, les États-Unis sont toujours, statistiquement, dans le peloton de tête si on s’en tient au PIB par habitant. La richesse globale est là, mais qu’en est-il réellement de la vie au jour le jour?

Les professeurs Godbout et Joanis proposent donc de considérer un autre angle d’attaque, celui de l’indice Vivre mieux, qui englobe autant les conditions de vie matérielles, comme le revenu ou le travail, que des éléments liés à la qualité de vie, comme l’éducation, la santé et la sécurité.

Et là, nous nous classons beaucoup mieux. Au lieu d’une note de passage, nous obtenons un B. 

Notre taux de chômage à long terme est un des plus faibles du monde occidental. L’espérance de vie est remarquable. Le taux d’emploi des femmes avec enfants est le plus élevé après celui de l’Islande, alors que le taux d’agression, lui, est le plus bas de tous!

Les auteurs prennent soin de mentionner que cet indice est lui aussi incomplet parce qu’il ne tient pas compte de la capacité des États à maintenir les programmes sociaux qui assainissent le climat général. C’est beau, offrir un filet social, mais si les moyens collectifs ne suffisent plus, il va finir un jour par être plein de trous. C’est un scénario déplaisant qui guette aussi le Québec.

D’où la nécessité de travailler sur les deux tableaux : comme société, aller chercher plus de revenus et veiller au maintien de notre qualité de vie. Nous pourrons alors nous enorgueillir de disposer d’une véritable richesse.
 


Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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