Les hauts et les bas d’une femme en ingénierie
À l’occasion de la journée internationale des femmes et filles de science, l’ingénieure PRT Sarah Mollier a témoigné de son parcours, en entrevue avec Métro.
D’origine française, Sarah Mollier a étudié à l’École des Mines d’Alès avant de déménager au Québec en 2018 pour poursuivre ses études à l’École Polytechnique de Montréal. Elle travaille actuellement pour CanmetÉNERGIE et se spécialise dans les énergies renouvelables.
«C’est peut-être une coïncidence, explique-t-elle, mais en France, j’ai eu des remarques sexistes venant de professeurs, d’élèves et de collègues, mais ça ne m’est jamais arrivé ici.» Des remarques «probablement trop crues pour être dites dans les médias», qui étaient faites sur le ton de la blague. Leur impact, affirme Mme Mollier, était cependant bien réel.
«C’est quelque chose qui te travaille beaucoup», confie-t-elle. Ces remarques l’ont fait réfléchir sans cesse sur ce qu’elle aurait pu faire, ce qu’elle aurait pu dire. L’impact se faisait surtout sentir sur sa confiance en soi et sur le fait d’être à l’aise à l’idée de travailler avec des gens qui faisaient de tels commentaires.
Bien qu’elle affirme que des remarques de la sorte puissent arriver dans tous les métiers et dans tous les pays, le fait de ne pas en avoir eu au Québec est une des raisons qui la font se sentir bien ici et lui donnent envie de rester.
Lieu symbolique
Être une femme à la Polytechnique, c’est être sur les lieux d’un féminicide de masse. Mme Mollier s’est sentie particulièrement touchée par ce drame. «Ça te prend aux trippes et ça m’a beaucoup émue. J’étais dans les mêmes couloirs que ces filles-là», raconte-t-elle.
Elle insiste sur le fait que le visionnement du film Polytechnique (2009), qui relate le drame, a été particulièrement émouvant pour elle, car il a justement été tourné dans ces couloirs où elle passait régulièrement.
Pendant ses études, elle s’est cependant toujours sentie en sécurité et l’idée que quelque chose de semblable puisse se reproduire était loin d’elle. Cependant, explique-t-elle, «personne n’aurait pu savoir que ça allait arriver; on pense toujours que ça arrive aux autres et jamais à nous».
Encourager les filles de science
Si elle a décidé de poursuivre des études en science, c’est qu’elle a toujours eu de bons professeurs qui lui ont donné envie de continuer. Elle souligne l’importance d’encourager les filles à l’école, que ce soit en science ou dans les autres domaines qui les intéressent.
De son expérience, les filles représentent généralement 30% de la composition des groupes de travail ou d’étude dans son domaine. «On est clairement une minorité, exprime-t-elle, mais on n’est pas seules!»
En cette Journée internationale des femmes et filles de science, le message de Sarah Mollier aux jeunes est simple. «À 18 ans, ce n’est pas facile de prendre ce genre de décisions, mais si vous avez les capacités et le goût pour faire des sciences, il faut foncer. Pour la transition énergétique, on a besoin d’ingénieures. Pour contrer l’effondrement de la biodiversité ou encore pour encadrer les pandémies, il faut des femmes de science aussi», conclut-elle.