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Airbnb: au Québec, la grande majorité des annonces sont illégales

Photo: iStock

Au Québec, près de 80% des annonces de logement affichées sur la plateforme Airbnb sont illégales, dévoile un tout premier dénombrement fait par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

En février, le RCLALQ a dénombré un total de 29 482 locations offertes sur Airbnb pour tout le Québec. De celles-ci, 23 345 sont illégales, c’est-à-dire non certifiées. Cela représente 79% des annonces affichées.

C’est à Laval que l’on compte la plus grande proportion d’annonces illégales, une part atteignant 95%.

La pointe de l’iceberg

Bien que ces chiffres soient «inquiétants», le RCLALQ précise qu’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg. Le portrait est sûrement encore plus sombre considérant que la récolte des données a été réalisée en basse saison touristique, soutient-on.

En effet, une récolte réalisée au cours des derniers jours dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie démontre une augmentation considérable en fonction de la saison: le Bas-Saint-Laurent passe de 829 logements en location à 1590 (+91%) et la Gaspésie de 848 à 1078 (+27%). Ces chiffres sont appelés à croître davantage à l’approche de la saison touristique.

Le rapport La démesure Airbnb: un saccage du parc locatif québécois est une première: aucune instance gouvernementale ou non gouvernementale, ni l’entreprise Airbnb elle-même, n’a jamais publié le décompte du nombre de locations offertes sur cette plateforme dans tout le Québec. 

La plateforme va-t-elle remédier à la situation?

La plateforme Airbnb a pris beaucoup de place dans l’actualité à la suite de l’incendie mortel dans le Vieux-Montréal qui a coûté la vie à sept personnes la semaine dernière.

Depuis, Airbnb s’est engagé à retirer les inscriptions de logements n’ayant pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), et ce, à l’échelle de la province.

Cependant, le co-porte-parole du RCLALQ Cédric Dussault n’est pas convaincu que la plateforme régulera ses annonces. «23 245: c’est le nombre d’annonces illégales qu’Airbnb doit retirer au Québec, car elles ne présentent pas de numéro d’enregistrement. Est-ce qu’Airbnb respectera ses engagements à long terme? Il est permis d’en douter, considérant le mépris total pour les lois et règlementations affiché par la multinationale un peu partout à travers le monde depuis sa création. Mais au-delà de la proportion d’annonces illégales, c’est l’ampleur du phénomène lui-même qui frappe», observe-t-il.

Modification de la loi

Dans la foulée de l’incendie, la ministre québécoise du Tourisme, Caroline Proulx, a également annoncé qu’elle modifierait «prochainement» la loi 67 sur la location à court terme. 

Cet amendement obligerait les annonceurs offrant ce genre d’hébergement touristique à afficher sur la plateforme leur numéro de certification touristique ainsi qu’une photo du certificat d’enregistrement. À défaut, le locateur et la plateforme écoperont tous les deux de contraventions.

Selon le président de l’Association des propriétaires du Québec (APQ), Martin Messier, cette annonce permettra de réduire les locations illégales faites par les locataires d’un bail qui veulent augmenter leurs revenus.

Par ailleurs, si l’APQ souligne combien la location à court terme permet la «protection accrue du logement», elle demande à ce qu’une consultation soit faite sur l’intérêt et les impacts de ce type de location. «Si la loi peut être modifiée pour régler des problèmes importants comme l’affichage obligatoire du numéro de certification, elle peut aussi être modifiée pour améliorer le parc locatif», fait-on valoir.

Des logements retirés du marché

Une immense majorité (90%) des offres de location sont des logements entiers et une part importante sont des logements locatifs retirés du marché traditionnel, note aussi le rapport. C’est pourquoi le RCLALQ réclame, entre autres, que la location de courte durée soit interdite dans toutes les résidences.

«29 482 logements loués sur Airbnb, c’est presque autant de logements retirés du marché traditionnel. Et il y en a certainement beaucoup plus, parce qu’on ne parle ici que de la locomotive Airbnb; il y a d’autres plateformes, comme VRBO ou Marketplace, pour afficher de la location de courte durée», soutient Cédric Dussault.

Le rapport montre toutefois qu’il n’y a pas nécessairement de lien entre la proportion d’annonces illégales dans une région et l’accaparement du logement à des fins de location de courte durée. Dans Charlevoix par exemple, 31,2% des logements sont possédés par seulement cinq hôtes, mais la grande majorité de ces unités sont certifiées et donc légales.

«La certification ne règle pas tout. Le cœur du problème, ce n’est pas l’illégalité, mais la transformation du parc locatif à des fins touristiques», poursuit Cédric Dussault.

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