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Pour ne pas être dans la marge jusqu’au cou

Photo: Métro

Nous sommes en pleine période des Fêtes, mais pourriez-vous passer un vendredi sans faire le moindre achat? Et ne pas utiliser votre carte de crédit la journée du lendemain?

C’est le défi que vous lance la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ). Ne prenez pas trop de temps pour vous faire une idée : la Journée sans achat se déroule aujourd’hui, le 29 novembre, et la Journée sans crédit suit demain, samedi le 30.

Ces deux événements prennent place dans le cadre de la campagne thématique «Dans la marge jusqu’au cou», qui en est cette année à sa dixième édition. L’expression se veut frappante, et il le faut : cette semaine, au moins deux autres analyses sont venues rappeler à quel point les Canadiens se sont placés en position vulnérable à force d’empiler les dettes.

Lundi, c’est l’agence Equifax qui signalait que l’endettement moyen, excluant les prêts hypothécaires, a progressé de 3,7 % au Canada durant le troisième trimestre, comparativement à la même période l’an passé. En moyenne, cette dette atteint maintenant 20 000 $. Elle est moindre au Québec (16 000 $), mais nous avons enfoncé l’accélérateur, au point où cet écart se rétrécit. On dirait que nous tenons nous aussi à être dans la marge jusqu’au cou…

Qui plus est, c’est du côté des aînés de 65 ans et plus que l’endettement enfle le plus rapidement. C’est étonnant : traditionnellement, les gens plus âgés liquidaient progressivement leurs dettes. Mais il semblerait que les baby-boomers ne veulent pas réduire leur train de vie, même avec de plus faibles revenus, quitte à puiser dans le crédit disponible.

C’est cependant le Fonds monétaire international (FMI), basé à Washington, qui a sonné la cloche le plus fort, mercredi, en avertissant que l’endettement des ménages avait atteint un niveau insoutenable, au point de mettre en danger la santé de l’économie canadienne. Tant que les taux d’intérêt demeureront bas, le fardeau ne paraîtra pas démesurément lourd. Même si ce n’est pas pour demain, ils vont finir par remonter et bien des gens se retrouveront pris à la gorge.

À lui seul, ce chiffre montre l’ampleur du malaise : 165,6 %.

C’est le ratio actuel entre l’endettement global (hypothèque comprise) et le revenu disponible des ménages (après impôts, taxes et autres prélèvements). Autrement dit, pour 100 000 $ de revenu net, les familles canadiennes doivent en moyenne 165 600 $. Et ce montant ne cesse de grimper. Comme le rappelle la CACQ, depuis 1990, l’endettement a augmenté sept fois plus vite que le revenu. Nous avons collectivement entrepris de vivre bien au-dessus de nos moyens.

Est-ce à dire que le crédit est une abomination? Pas du tout! Utilisé modérément, il offre de la souplesse dans la gestion de ses achats. Mais on devrait toujours en garder le contrôle, en ne se servant, par exemple, que d’une seule carte de crédit, dont le solde entier est religieusement acquitté mois après mois. Au contraire, ceux et celles qui en ont accumulé une collection risquent de tomber dans le panneau des achats impulsifs.

Ne vous privez quand même pas de vaquer à vos emplettes des Noël, c’est la période de l’année où on a le droit de succomber à quelques tentations. Il suffit de demeurer vigilant pour éviter de se réveiller avec une méchante migraine de crédit, dans la marge jusqu’à la pointe des cheveux!

Précision
La semaine dernière, je faisais allusion à une sexologue qui s’était déclarée planificatrice financière après trois semaines de formation. J’ai bien rencontré une personne, au milieu des années 1990, qui s’était cavalièrement arrogé ce titre, mais elle n’était pas sexologue. Or, une dame qui exerçait cette profession a cru se reconnaître dans ma description et elle n’était pas contente, d’autant plus qu’elle a suivi, elle, une véritable formation universitaire en planification financière. Désolé pour la méprise.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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