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Ces dames méritoires

Mes hommages.

Il y a quelques semaines, le magazine Glamour se faisait aller le bas-culotte dans un gala où l’on récompense les femmes, le «Women of the Year Awards». Le Glamour Magazine? Oui. Cette revue dont vous ignoriez l’existence ou qui tapisse peut-être le fond de la cage du canari familial. Une revue pour les femmes, qui valorise les affaires de femmes et qui, semble-t-il, aime leur remettre des trophées (de femmes), dans la mesure où lesdites femmes ont la plastique facile, des parts à la Paramount et/ou ont déjà plongé dans un spa chez Samuel L. Jackson.

Et comme une semaine sans gala, c’est triste comme un jour sans pain, Glamour s’est rincé la verge et la conscience – entre deux pubs de peeling et de rehausseur de grandes lèvres – en célébrant ces femmes qui méritent un spotlight supplémentaire. L’intention est certes noble, mais la résultante goûte un peu surette. Parce qu’entre une avocate des droits de la femme, une impétueuse ballerine et de félines survivantes du massacre de Charleston s’est glissée, non sans une certaine grâce, Victoria Beckham.

Tout juste après Caitlyn Jenner, anciennement Bruce, récompensée pour s’être exposé le récit transgenre (en confiant, coquine, entre deux gorgées de champagnette, que «le plus difficile dans la vie d’une femme, c’est de choisir comment s’habiller le matin». Je vais te dire; la première diva cup insérée dans le tuyau est AUSSI toute une aventure, Caitlyn), l’ineffable Victoria a, de son côté, rafflé le trophée pour l’ensemble de son œuvre.

Son œuvre.

Parce qu’après s’être exposé le dedans de la cuisse dans un girls band et avoir fait la moue sur moults covers de Prions en église, Victoria est devenue une grande dame des passerelles et des jupes à plis. Si grande dame qu’elle engage encore, en 2015, de feluettes créatures comme Peyton Knight, 17 ans, qui n’a jamais vu l’ombre d’un début de boule de suif (ni de Shawshank). Une mannequin d’une maigreur à faire pâlir les brindilles, mais qui, qu’est-ce tu veux, sait mettre un poncho en valeur comme c’est pas permis. Et ce qui est fantastique, c’est qu’au moment de récupérer son prix de femme d’exception, Victoria persistait et signait: «Elles sont jeunes. Elles sont minces. Mais ça ne veut pas dire qu’elles sont malades *DONNEZ-MOI CETTE PLAQUE HONORIFIQUE IMMÉDIATEMENT*.»

Et on ose encenser cette femme. Tout comme Caitlyn qui, bien qu’elle ait eu le courage – un courage que je salue d’une main sincère – d’embrasser et de partager sa véritable identité après 66 ans passés dans un corps masculin, s’est toujours bien hissée devant les kodaks d’une téléréalité avec ses privilèges d’homme blanc propriétaire de yachts qui n’avait rien à raconter en mangeant ses toasts à la moutarde près d’un preneur de son et d’une Kardashian échouée. Au-delà de l’épreuve, on récompense cet hymne à la vacuité, au paraître et à l’odeur de char neuf parce qu’elle peine désormais à se choisir une blouse le matin?

Le magazine Glamour, aussi insignifiant soit-il, a voulu faire sa petite part. Mais avant de perdre connaissance dans les jeans cigarette de Posh Spice ou la spaciosité intérieure de Caitlyn Jenner et ses tenues de gala SI élégantes, j’irai, audacieuse, nourrir les pigeons sans contacter la presse (dans l’espoir tout de même vivant de recevoir, un jour, un prix pour mon étonnant lancer du grain).

La bise.

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