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Luc Rabouin, le Marc Carney de Montréal?

Photos superposées de Luc Rabouin et Mark Carney.
Photo: Montage Métro

La campagne électorale qui bat son plein à Montréal a des airs de déjà-vu lorsqu’on garde en mémoire la récente campagne fédérale. Dans les deux cas, un chef impopulaire au pouvoir – bien plus impopulaire dans un cas que l’autre, faut-il le mentionner – cède sa place à un autre, lui donnant la mission de mener les troupes vers un nouveau mandat. Est-ce que Luc Rabouin pourra-t-il appliquer la recette du premier ministre Mark Carney à Montréal?

Il y a presque un an, la mairesse sortante, Valérie Plante, annonçait qu’elle ne se représenterait pas aux élections. Le lendemain, un sondage commandé par La Presse montrait que 54% des Montréalais souhaitait son retrait à la fin de son présent mandat contre seulement 27% qui souhaitaient qu’elle reste.

C’est bien loin du maigre 16% d’appuis que Justin Trudeau récoltait en décembre dernier. Mais pour le successeur de Valérie Plante à la tête de Projet Montréal, Luc Rabouin, la tâche ne sera pas nécessairement plus facile que celle donnée à Mark Carney.

Pas «d’inversion» pour Luc Rabouin

Selon Danielle Pilette, professeure à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, M. Rabouin ne pourra pas bénéficier des mêmes facteurs externes qui ont ravivé le Parti libéral du Canada.

«[La situation du Parti libéral] a été inversée à cause d’une conjoncture extraordinaire qui était la guerre tarifaire. Je ne vois pas de condition d’inversion comme ça à Montréal», dit-elle en entrevue avec Métro.

En bref : la pente est moins raide pour M. Rabouin, mais il a moins d’aide.

L’avantage du terrain

En politique municipale, les élus sortants ont généralement « l’avantage du terrain ». Ils sont mieux connus que leurs opposants et ont établi des réseaux solides.

Selon Mme Pilette, cette force ne se matérialisera probablement pas aussi solidement pour M. Rabouin.

«Je dirais que c’était plus le cas autrefois à cause des réseaux que certains maires s’étaient construits. […] Ils s’étaient construits des réputations d’opposants aux pouvoirs centraux à Québec et Ottawa. Ils étaient le contre-pouvoir qui était désiré dans beaucoup de grandes villes.»

Selon Mme Pilette, ce rôle de contre-pouvoir n’est plus aussi marqué.

D’autant plus qu’aucun des candidats n’a la notoriété d’une Valérie Plante ou d’un Denis Coderre. Selon un sondage commandé par la Fraternité des policiers de Montréal, la moitié des Montréalais ne savent pas pour qui voter. Aucun candidat n’aurait plus de 20% des intentions de vote.

Les candidatures vedettes

Ceci étant dit, la principale opposante de M. Rabouin, Soraya Martinez Ferrada, a son propre lot de défis à surmonter. En plus du manque de notoriété, elle gagnerait à s’entourer de candidatures plus fortes pour les postes au conseil municipal.

Mme Martinez Ferrada et son parti Ensemble Montréal on fait une sortie remarquée récemment en annonçant la candidature de Lorraine Pintal dans le Vieux-Rosemont. Selon Mme Pilette, d’autres candidatures de ce calibre seraient nécessaires pour vraiment lui mettre le vent dans les voiles.

«Ça prendrait plusieurs annonces de cette catégorie-là, mais dans le domaine économique entre autres», lance la professeure.

Selon Mme Pilette, Soraya Martinez Ferrada devra faire bon usage «d’apprentissages» acquis en cours de route si elle souhaite éviter que Luc Rabouin ne répète l’exploit de Mark Carney.

La grogne des non-résidents

D’autant plus qu’une partie de la grogne contre Projet Montréal ne vient pas de résidents qui pourront voter le 2 novembre.

«Il y a beaucoup de propriétaires d’immeubles qui n’habitent pas à Montréal», souligne Mme Pilette, en référence aux critiques reçues par l’administration Plante par le secteur immobilier. «Et une partie de la grogne vient aussi des employés municipaux, qui n’habitent pas à Montréal en majorité, et des navetteurs.»

Luc Rabouin et Soraya Martinez Ferrada s’affronteront ce soir lors d’un quatrième débat dans le cadre de la campagne électorale municipale. Cette fois, le débat est organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

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