Une adolescente rom et sa mère déportées dans deux semaines
Gilda Lakatos, 17 ans, et sa mère Katalin, espéraient obtenir de bonnes nouvelles jeudi matin. Les deux femmes roms ont plutôt appris de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qu’elles seraient déportées en Hongrie le 11 août.
«Je suis fatiguée. J’ai l’impression d’avoir perdu cinq ans de ma vie, ça fait vraiment mal. J’aurais aimé terminer des études, travailler, avoir une maison, avoir une vie normale», a commenté Gilda, peu avant d’éclater en sanglots.
Les espoirs étaient pourtant permis pour cette jeune fille qui vient de terminer ses études secondaires en français à Montréal et pour sa mère. Elles avaient obtenu le 11 mai, à la veille de leur précédente date prévue d’expulsion, un permis de séjour temporaire exceptionnel de deux mois de la part du ministre fédéral de l’Immigration. Elles croyaient que ce délai visait à permettre à l’ASFC d’évaluer leur demande de résidence permanente sur des bases humanitaires.
Leur demande de statut de réfugié a été refusée en avril 2015, soit quatre ans après qu’elles aient déposé une demande d’asile. Le Canada a ajouté en 2012 la Hongrie à la liste des pays désignés comme sécuritaire, ce qui a pour effet de restreindre les possibilités pour les Roms d’obtenir l’asile au Canada. Le père et le frère de Gilda ont déjà été expulsés.
«En Hongrie, je ne peux pas avoir une vie normale, étudier, travailler.» – Gilda Lakatos
Plusieurs organismes comme Amnistie internationale et la Commission européenne soulignent pourtant que les Roms subissent de la discrimination et de la violence dans plusieurs pays d’Europe, dont la Hongrie. Les enfants roms subissent notamment une ségrégation dans le système d’éducation.
La famille Lakatos rapporte d’ailleurs avoir fait l’objet de harcèlement policier dans leur pays d’origine. Le fils aîné de Katalin se serait d’ailleurs suicidé après des incidents racistes avec la police.
Une quinzaine de personnes s’étaient rassemblées jeudi matin devant les bureaux de l’ASFC à Montréal pour soutenir Gilda et Katalin. «Nous demandons au gouvernement de démontrer sa volonté de renverser ses politiques discriminatoires contre les Roms en donnant la résidence permanente à la famille Lakatos», a déclaré Dafina Savic, directrice Romanipe, un organisme canadien d’aide aux Roms.