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Virée archéologique à Verdun

Photo: Vincent Fortier

Sur le bord du fleuve, à Verdun, une petite maison tricentenaire se dresse sur le plus grand site archéologique préhistorique de Montréal. Déjà, le sol a fourni aux archéologues de quoi raconter l’histoire de ce bout de l’île, et des fouilles s’y poursuivent tout l’été. Métro est allé sonder le terrain.

Une des plus vieilles maisons de Montréal
La petite maison Nivard-de Saint-Dizier a été construite vers 1710, ce qui en fait l’une des plus vieilles maisons rurales de l’île. C’est la congrégation de Notre-Dame qui la fait ériger, «la gang de Marguerite Bourgeois», comme le dit Anne-Marie Belleau, agente de programme éducatif à la maison, qui abrite aujourd’hui un musée gratuit. L’endroit est alors une métairie, c’est-à-dire qu’on loue le bâtiment à des fermiers qui partagent leurs récoltes avec les sœurs à la fin de l’été. Le propriétaire suivant, arrivé en 1769, le marchand de la rue Saint-Paul Étienne Nivard de Saint-Dizier – une rue est nommée en son honneur dans le Vieux-Montréal – donnera son nom à la maison.

Le site est aussi occupé par un brasseur de bière, puis, en 1930, devient propriété de la ville de Verdun qui y loge des organismes communautaires. De 1953 à 2003, c’est la Légion royale canadienne qui y tient des rassemblements, avant que la Ville ne redevienne propriétaire du bâtiment, aujourd’hui classé patrimonial. Plusieurs mystères entourent la maison, mais les fouilles archéologiques effectuées à proximité ont aidé à en savoir un peu plus à son sujet.

Maison Nivard - Artéfacts préhistoriques

Un sous-sol qui raconte l’histoire
En 2005, on entreprend de restaurer la maison. Des travaux au sous-sol permettent la découverte de nombreux trésors. Jusqu’en 2011, les archéologues déterrent plus de 16 000 artefacts, révélant autant le passage des Premières Nations – qui n’ont jamais occupé le site de façon permanente – que la période de contact avec les nouveaux arrivants. C’est que le site est situé au pied des rapides de Lachine, un lieu de campement temporaire et de portage pour quiconque empruntait le fleuve, l’autoroute 20 de l’époque, comme se plaît à dire Anne-Marie Belleau.

Avec tout ce qu’on y trouve, l’endroit se révèle rapidement comme le plus important site préhistorique de l’île: on y a trouvé des objets datant de 5500 ans – Montréal était sous les eaux il y a 6000 ans. À l’intérieur de la maison Nivard, sur les pierres et les poutres d’origine, on trouve quelques-uns de ces précieux artefacts, comme une bague en cœur, probablement offerte à un Amérindien que les Français venaient de convertir au christianisme, ou une pointe taillée vieille de 5500 ans.

ACTU - Maison Nivard - Chasse à courre CR © BAnQ. Fonds E.Z. Massicotte

BAnQ. Fonds E.Z. Massicotte/Collaboration spéciale

Partie de chasse à Verdun
Le fief de Verdun est né en 1671. L’immense lot s’étend à l’époque du fleuve jusqu’à la moitié de l’actuel parc Angrignon et de l’actuelle limite de LaSalle jusqu’à l’hôpital Douglas. Au milieu du XIXe siècle, le secteur, largement boisé, est habité majoritairement par des anglophones aisés. Les Montréalais s’y réfugient comme à la campagne. Une de leurs activités préférées? La chasse à courre. John Crawford, propriétaire du fief qui a donné son nom à une rue voisine et au quartier, est intimement lié au Montréal Hunt Club, le plus vieux regroupement de chasse en Amérique du Nord.

Maison Nivard - Fouilles

Un nouveau coup de sonde
Depuis le début de l’été, l’Université McGill supervise une école de fouilles sur le terrain. Quatre tranchées ont été creusées. Lors de notre passage, l’archéologue responsable du site, Jennifer Bracewell, travaillait autour d’un ancien drain découvert quelques jours plus tôt et qui menait au fleuve, à l’époque beaucoup plus rapproché de la maison Nivard. Ce n’est qu’avec l’arrivée du métro de Montréal, alors qu’il fallait se débarrasser des pierres et de la terre qu’on sortait du sol, que la rive s’est avancée dans le Saint-Laurent. L’équipe de Mme Bracewell a déjà déterré des milliers de fragments et quelques dizaines d’objets, comme une pierre de hache presque intacte , datant d’environ 4000 ans. Selon quelques documents historiques, le secteur aurait jadis abrité un fort. Mais, à ce jour, on n’a découvert aucune trace de ladite tour. Le mystère persiste.

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