L’IEDM prône la privatisation du réseau d’autobus de Montréal
Depuis 50 ans, le frais de fonctionnement de la STM ont augmenté cinq fois plus vite que le nombre de kilomètres parcourus par la société de transport, selon une étude qui recommande la privatisation graduelle du réseau d’autobus.
Dans une note qui sera rendue publique vendredi, l’Institut économique de Montréal (IEDM) remarque que les frais de fonctionnement de la STM ont augmenté de 314% depuis 1966, et ce, même en éliminant le facteur inflation. En parallèle, le nombre de kilomètres parcourus annuellement par les métros et les autobus n’a augmenté que de 57%, soit cinq fois moins vite.
Conséquence de cet écart: le coût de chaque kilomètre parcouru par la STM a augmenté de 163% depuis 50 ans. En comparaison, quand l’ancêtre de la STM était géré par le privé, entre 1933 et 1950, le coût de fonctionnement par kilomètre parcouru avait baissé de 17%, écrit l’IEDM.
«Les subventions favorisent une mauvaise gestion financière, un manque d’initiative et une productivité moindre», ajoute l’institut en montrant du doigt les politiciens qui «seront peut-être plus portés à établir des itinéraires d’autobus peu efficaces» et les syndicats qui pousseront «à embaucher plus de travailleurs qu’il n’en faut à des salaires supérieurs à ceux du marché». Germain Belzile et Vincent Geloso, les deux auteurs de la note économique, suggèrent à la Ville de mettre en concurrence le privé pour gérer le service d’autobus.
«Par rapport à d’autres sociétés d’État, la STM figure dans la bonne moyenne, mais on obtient de bien meilleurs résultats avec une privatisation partielle ou complète», souligne en entrevue le professeur Germain Belzile.
«À Montréal, au fur et à mesure que des chauffeurs d’autobus partent à la retraite, on pourrait privatiser certaines lignes et en vérifier les bénéfices», avance M. Belzile. Il mentionne notamment le cas de St. Petersburg en Floride où le passage au privé a permis de remplacer les services de nuit peu rentables par une entente financière avec la Uber qui accepte les usagers du transport en commun à un coût minime.
Du côté de la STM, on préfère ne pas commenter le contenu de la note avant de l’avoir lue. Amélie Régis, porte-parole de la STM mentionne néanmoins que le l’Impérial College de Londres, qui mesure l’efficacité de plusieurs dizaines de sociétés de transport dans le monde, a déjà écrit que «l’efficacité de la STM est relativement élevée, c’est-à-dire que les ressources, particulièrement en termes de main-d’œuvre, sont plutôt basses par rapport aux services qui sont livrés».
Mme Régis ajoute que la STM offre le titre mensuel le moins cher au Canada et souligne que le «la privatisation n’est pas une option envisagée». Elle conclut que «dans le cadre de la refonte de la gouvernance du transport en commun dans la métropole nous serons liés par un contrat de performance».
Que pense Transport 2000 de la privatisation? «Il existe de bons services de transport aussi bien publics que privés», déclare Philippe Cousineau Morin, porte-parole de l’organisme de défense des usagers du transport en commun. «Cela dit, des modèles hybrides viendront certainement compléter l’offre actuelle dans certains quartiers où ils seront plus viables que des gros autobus. C’est ce que montrent des fournisseurs comme Bridj, Lyft et autres Über de ce monde en matière de transport adapté, de micro-transit ou dans d’autres formes de transports à la demande», selon lui.
Du côté de Montréal, l’élu Sylvain Ouellet souligne que les gains économiques liés à la privatisation de certaines lignes d’autobus aux Etats-Unis sont souvent aller de pair avec l’abandon des trajets les moins rentables mettant en difficulté les personnes pauvre ne pouvant se permettre d’avoir une auto.
Il souligne néanmoins que le futur modèle de gouvernance du transport en commun à l’échelle métropolitaine permettra d’améliorer l’efficacité des sociétés de transport. Ces dernières seront désormais subventionnées en fonction du service réellement rendu et non en fonction du service planifié. En outre, sur certains trajets qui chevauchent plusieurs villes, les différentes sociétés de transport concernées pourront être mises en concurrence, résume-t-il.