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Pour ne plus échapper des jeunes en détresse

Photo: Chantal Levesque/Métro

Le système de santé échappe trop souvent des jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Pour mieux les rejoindre, les suivre et leur donner des services adéquats, un nouveau projet a été lancé hier par le Réseau d’intervention de proximité auprès des jeunes de la rue (RIPAJ).

Aidés par une coordonnatrice, une clinicienne, une assistante de recherche et la collaboration d’un réseau d’organismes mené par le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), les responsables du projet de recherche ACCESS Esprits ouverts-RIPAJ veulent provoquer un «changement de culture» dans l’organisation des services.

Les adolescents et les jeunes adultes en détresse se heurtent actuellement à plusieurs obstacles sur le chemin de la guérison. «Une histoire typique, c’est un jeune qui vit des troubles dans sa famille ou à l’école, et qui approche un psychologue en milieu scolaire. On l’envoie à plusieurs portes différentes et c’est difficile pour lui de s’y retrouver. Il y a des listes d’attente pour obtenir de l’aide», a relaté la Dre Amal Abdel-Baki, psychiatre au CHUM.

La Dre Abdel-Baki fait aussi état de consultations expéditives, peu propices aux confidences des jeunes. Par ailleurs, plusieurs jeunes doivent se retrouver à la rue pour enfin être pris en charge. C’est le cas de Jessé et de Wendel, âgés respectivement de 22 et de 25 ans, qui ont témoigné de leurs histoires à Métro.

«J’ai été en psychose pendant quatre ans, à penser que j’étais Eminem ou le roi de Babylone, a raconté Jessé. J’ai été itinérant presque deux mois à Montréal, à gueuler dans les rues, avant que les policiers «m’embarquent». C’est là que j’ai été hospitalisé à l’hôpital Notre-Dame et que j’ai connu l’EQIIP SOL (un autre projet du RIPAJ). Ils m’ont aidé, m’ont trouvé une place où rester. J’ai finalement décidé de faire une thérapie.»

La Dre Abdel-Baki estime qu’il faut détecter les jeunes qui souffrent, que ce soit de troubles plus légers comme la dépression ou graves comme la schizophrénie, avant que leur état devienne aussi dramatique. Elle et ses collègues ont pour objectif d’augmenter de 20% le nombre de jeunes qui reçoivent de l’aide du RIPAJ. Ils souhaitent aussi que la première évaluation de l’état de santé mentale soit effectuée en 72 heures, au lieu de plusieurs semaines comme actuellement. Pour ce faire, la nouvelle clinicienne sera notamment plus accessible, par téléphone, texto et courriel, et se déplacera pour rencontrer les jeunes là où ils sont.

Dix autres regroupements font partie de ce projet pancanadien, qui vise notamment à documenter les meilleures pratiques ainsi expérimentées. Un total de 25 M$ y est accordé par les Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation Graham Boeckh.

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